No. 54/2    juin 2001

 

Livres

Erik Satie
au miroir de ses lettres
 

Spécialiste reconnue d'Erik Satie, Ornella Volta a mis une trentaine d'années pour établir la correspondance du compositeur, durée comparable au dévouement de Paule Thévenin à la cause d'Antonin Artaud... Ornella Volta a pour sa part rencontré les derniers témoins directs de Satie; bénéficié de témoignages de première main, recueillis par les proches des amis et relations du musicien; et, cela va sans dire, dépouillé les écrits, arpenté les bibliothèques, universités et autres lieux de recherche qui, de Paris à New York en passant par la Fondation Paul Sacher, avaient gardé trace de Satie.

Cette Correspondance est prudemment sous-titrée «presque complète», au cas où de nouveaux documents viendraient à être découverts. Il est vrai qu'avec Satie on n'est jamais au bout de ses surprises. Pourtant, à en croire Darius Milhaud, le musicien avait «conservé toutes les lettres qu'il avait reçues et les brouillons de celles qu'il avait envoyées, même les plus insignifiantes». Comme par exemple ce mot à Madame Meyer-Bertin, en date du 8 juin 1921: «Chère Dadame (sic), Pas possible demain. Amitiés à tous trois & à bientôt. Bien vôtre: Erik Satie.» Si cette Correspondance s'en tenait là, il n'y aurait sans doute pas de quoi se passionner.

Cocteau affirme que l'on avait retrouvé dans la chambre d'Arcueil, «sous une montagne de poussière, toutes les lettres de ses amis. Il n'en avait ouvert aucune.» (Par ailleurs, c'est par un paquet de lettres non expédiées que l'on a pu prendre la mesure de son unique passion amoureuse.) Mais s'il n'ouvrait pas ses lettres, Satie, en revanche, y répondait toujours très ponctuellement. Il lui arrivait aussi de s'écrire à lui-même, parfois de s'envoyer des lettres anonymes...  En musique, on sait qu'il affectionnait la formule: «Taper vite, dur et sec.» En matière épistolaire, «faire court», comme il disait, avait aussi sa préférence. Mais il soignait son écriture. Et le pianiste Jean Wiener a pu voir notre compositeur mettre vingt bonnes minutes pour rédiger un pneumatique de six lignes, car, disait-il, «il a un tel souci de la lettre parfaite, du rapport des pleins et des déliés qu'il l'écrit comme le fait un peintre en bâtiment sur la boutique qu'il désigne».

Ornella Volta met en perspective, année après année, la biographie du musicien et les événements qui l'entourent. Elle consacre quelque 500 pages - presque la moitié de l'ouvrage - lettre par lettre, à la présentation détaillée des correspondants. Certains - comme Marianne Chabelska, Suzanne Kra ou le peintre Antoine de la Rochefoucault - avaient disparu des mémoires. Quant aux autres, ils ont pour noms Apollinaire, René Clair, Roland Manuel, Debussy, Ravel, Gustave Doret, Brancusi, Picasso, Diaghilev ou encore Picabia.

 

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