Editorial
Les scooters volants
C'était un vendredi soir, il y a quelques semaines: complètement englué dans un gigantesque embouteillage, incapable d'avancer ou de reculer, entouré de visages fermés aux regards venimeux, je me suis remis à penser, malgré moi, incompréhensiblement, aux Scooters Volants!
Vous ne connaissez pas les scooters volants? Quand j'étais enfant, j'imaginais que ce serait le moyen de locomotion numéro un en l'an 2000. C'est une sorte de harnais que vous vous passez autour des épaules et de la taille, avec une petite tuyère, un réservoir, des écrans et quelques manettes. Ça vole à mi-hauteur, avec une autonomie suffisante pour rentrer dans votre petite banlieue fleurie, ce n'est pas vraiment bruyant, et surtout, surtout... c'est la parade absolue contre les embouteillages!
En ce temps-là, l'an 2000 nous apparaissait comme une époque à la fois très lointaine, et infiniment exotique. Les scooters n'étaient qu'un élément d'un tout: vaisseaux spatiaux, vacances sur Mars, pilules énergétiques en lieu et place de sandwiches, voyages intergalactiques (en état d'hibernation bien sûr), sans oublier toute cette population de robots un peu idiots qui essuieraient la vaisselle à notre place et nous feraient réviser nos leçons... à moins qu'ils ne les apprennent pour nous!
Rien de tout cela n'est devenu réalité. Quant à la vraie révolution, nous étions bien incapables de l'entrevoir. Incapables de penser que le nouvel espace à conquérir, que la nouvelle dimension où se développerait notre imaginaire, ce ne serait pas une contrée lointaine, ce ne seraient pas les confins de notre galaxie, mais bien le monde du virtuel - les méandres de nos cerveaux!
Ce monde du virtuel est à nos portes. Fascinant, déroutant, énervant parfois. Mais il est là, contradictoire et captivant; et nous ne pouvons pas l'ignorer.
Ce sera là mon dernier mot, et mon excuse pour avoir quelque peu monopolisé la plume dans ce numéro...
Vincent Arlettaz
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