No. 55/1    mars 2002

 

George Enescu

«la plume, le violon et la baguette»

par Myriam Tétaz-Gramegna

 

Après Lucerne, c'est à Martigny que Radu Lupu jouera (le 23 mars) la sonate op. 24 N° 1 de George Enescu. L'occasion de revenir sur un compositeur que certains ont comparé aux plus grands, et qui reste largement à découvrir.

George Enescu fut le maître de Yehudi Menuhin, on le sait. Violoniste extraordinaire, à la mémoire fabuleuse, il fut aussi pianiste et chef d'orchestre. Mais c'est du compositeur qu'il faut parler, un compositeur encore à découvrir. Hors de Roumanie en effet, sa réputation d'interprète -- de Bach, en particulier, dont il a enregistré le concerto pour deux violons, avec Menuhin précisément -- a éclipsé celle du compositeur, «un des plus grands maîtres du XXe siècle» n'hésite pas à écrire le musicologue Harry Halbreich. Enescu lui-même cite du reste «la plume» avant «le violon et la baguette» lorsqu'il parle des armes avec lesquelles il a servi son pays. Sa sonate op. 24, no 1, en fa dièse mineur, est à l'affiche du récital que donnera Radu Lupu à Martigny, le 23 mars à 20h, à la Fondation Gianadda. Une occasion rarissime de l'entendre!

Né à Liveni en 1881, dans un milieu campagnard, George Enescu était le dernier et seul survivant de huit enfants. C'est avec le violoneux du village qu'il prend ses premières leçons. Il étudiera ensuite la musique dans son pays, puis à Vienne, où il rencontre Brahms, enfin à Paris. Etabli dans cette ville (d'où l'orthographe francisée «Enesco» parfois utilisée), il ne rompt point les contacts avec la Roumanie dont il organise et anime la vie musicale. Profondément humain et généreux, il avait dans sa prestance une sorte de noblesse innée. Il meurt à Paris en 1955, la même année qu'Honegger, son cadet de onze ans, auquel le lient une amitié et une admiration réciproques.

 

Le Berlioz de la musique de chambre

Certes, les «rhapsodies roumaines» d'Enescu sont connues: pages plaisantes, mais dont le succès finissait par irriter leur auteur -- à juste titre, car elles ne reflètent point la vraie dimension de son oeuvre. Passons sur certaines pièces qui datent un peu, par leur emphase, leur longueur, une expressivité excessive. Restent en revanche des partitions majeures, en particulier dans le domaine de la musique de chambre, qui occupe une place privilégiée chez Enescu. A écouter absolument -- entre autres -- l'Octuor, le Dixtuor pour vents, la fameuse Troisième sonate pour violon et piano, pièce incontournable du répertoire violonistique, célèbre grâce à Menuhin, le Deuxième quatuor op. 22, «Impressions d'enfance» pour violon et piano, ou encore la Symphonie de chambre pour douze instruments...

 

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