No. 55/3    septembre 2002

 

L'harmonie classique et romantique

Eléments et évolution

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(Compte rendu par Vincent Arlettaz)

Jean-Pierre Bartoli: L'harmonie classique et romantique (1750-1900), éléments et évolution, s.l., Minerve, 2001, 223 p., index, bibl., nombreux ex. mus.

Professeur en Sorbonne, Jean-Pierre Bartoli est un spécialiste de Berlioz, et plus généralement du XIXe siècle. Reprise de sa thèse d'habilitation, la présente étude se place explicitement dans le sillage de deux de ses illustres prédécesseurs à l'Université de Paris IV, à savoir Jacques Chailley et Serge Gut. Il y a lieu de se réjouir de cette revitalisation des recherches historiques sur le langage musical, spécialité éminemment française qui, à travers Charles Koechlin (1867-1950), remonte au fameux fondateur François-Joseph Fétis (1784-1871), et sans doute au-delà, à Rameau lui-même. Même en France, cette branche de la recherche musicologique -- dont l'importance n'est pourtant pas à démontrer -- n'est généralement représentée que par un petit nombre d'individualités, et peut même subir des périodes plus ou moins longues de désaffection. L'ouvrage de Jean-Pierre Bartoli mérite donc d'être salué, d'autant plus que, succédant à une période plutôt calme, il manifeste avec évidence le souci de ne pas cloisonner son domaine, mais au contraire de l'ouvrir à l'influence d'auteurs étrangers particulièrement importants, tels que Ernst Kurth, Heinrich Schenker ou Charles Rosen, combinés en une synthèse à la fois claire et habile.

L'ouvrage est divisé en 5 parties. La première aborde quelques-unes des plus importantes théories de l'harmonie tonale, de Rameau à Schenker et Chailley. L'auteur met en évidence leur évolution, parallèle à celle du langage musical lui-même, qui systématise dans un premier temps les relations de quinte, puis qui se montre soucieux d'élargir les concepts de fonctions tonales (voir les «accords de substitution» de Riemann) ou de réhabiliter le rôle des lignes mélodiques (Schenker). La deuxième partie («Le vocabulaire et la syntaxe harmoniques à l'époque classique») présente une synthèse du langage musical de la seconde moitié du XVIIIe siècle, simplification volontaire de la foisonnante harmonie de l'âge baroque, sorte d'épuration que J.-P. Bartoli compare au dénuement délibéré de la langue de Racine (p. 60).

La troisième partie («Le vocabulaire et la syntaxe harmoniques au XIXe siècle», p. 61-131) est sans doute la plus importante, par son étendue aussi bien que par son contenu. Suivant une méthodologie inspirée de Serge Gut (Franz Liszt, les éléments du langage musical, Lille, 1977), il traite successivement des évolutions qu'on peut observer entre 1800 et 1900 dans l'emploi des différents accords de septième, de neuvième, de sixte augmentée, des accords altérés (quinte augmentée), des pédales ou des notes ajoutées; puis, l'auteur s'intéresse aux progressions harmoniques non fonctionnelles, c'est-à-dire chromatiques, parallèles, modales ou par enchaînements de tierce à la basse fondamentale...

 

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