No. 55/3    septembre 2002

 

Concours de Genève

Du piano à l'horlogerie

par Antonin Scherrer

 

L'heure des remises en question

A l'instar de l'univers festivalier, le monde des concours est en pleine ébullition. Alors qu'ils se comptaient sur les doigts de la main il y a une soixantaine d'années, ils échappent aujourd'hui à toute statistique, tellement leur population prolifère à travers le monde. Raison de cet engouement? L'augmentation vertigineuse du nombre de musiciens professionnels, mais aussi la montée en puissance du lobby culturel dans la sphère touristique, conduisant à la création tous azimuts de manifestations souvent inadaptées à la situation géographique. Il est donc plus que jamais fondamental aujourd'hui -- même pour les institutions pionnières -- de faire preuve d'inventivité et d'une haute capacité de remise en question, si l'on compte garder la tête hors de l'eau.

Quand on observe l'histoire du Concours de Genève, avec sa liste impressionnante de lauréats aujourd'hui artistes confirmés (Maurice André, Martha Argerich, Arturo Benedetti-Michelangeli, pour ne citer qu'eux), on n'imagine pas qu'une telle institution puisse elle aussi être prise dans ces turbulences. Et pourtant... Didier Schnorhk, son secrétaire général, nous confiait lors de la dernière édition les difficultés quotidiennes d'une telle organisation -- les tracas paperassiers, le bal incessant des demandes de subsides et de soutiens privés, et surtout la remise en question constante de l'ensemble des rouages de la machine. «Les contacts réguliers que j'entretiens avec les autres directeurs de concours, à l'occasion de séminaires ou de symposiums, est à ce point de vue très éclairant», explique-t-il. «Il m'a fait réaliser à quel point la pluridisciplinarité du Concours de Genève était un atout précieux -- car extrêmement rare -- dans une perspective de positionnement à long terme.» ...

 

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