No. 55/3    septembre 2002

 

Editorial

Splendeurs et misères des cruciverbistes

par Vincent Arlettaz

 

Il y a dans ma famille des cruciverbistes passionnés. C'est tout à fait amusant, rarement agaçant. «Qui a posé sa tartine sur mon journal?» «--En combien de lettres?», est ma réponse distraite.

L'autre jour, c'était une véritable colle: «En plein été sans culotte», en 9 lettres finissant par R. La réponse était... thermidor!

J'ai toujours regretté pour ma part que le calendrier révolutionnaire n'ait pas eu plus de succès. Il me paraît pourtant bien plus poétique que notre bon vieux calendrier grégorien: fructidor, germinal, nivôse valent largement, ce me semble, nos banals septembre, octobre, novembre, décembre.

Vendémiaire: le mois des vendanges. Messidor, celui des moissons. N'est-ce pas merveilleux? Floréal, autrement dit les premiers bourgeons. Brumaire, frimaire, qui se passent de commentaire. Ne serait-il pas possible de renouer avec ces images colorées, ne pourrait-on pas tenter d'en remettre au goût du jour le principe naïf et charmant?

Bien sûr, certains noms quelque peu vieillis seraient retouchés. Des symboles plus proches de notre vécu et de notre sensibilité y trouveraient naturellement leur place. Je suggérerais par exemple: sinistrôse pour janvier, boursiaire pour une période quelconque de l'année (le printemps?), ou encore lingodor.

Les mois en «–al», moins réussis dans l'ensemble, seraient remplacés. On les mettrait en été. Pour août, diluvial semble s'imposer. Pour septembre, Al-Qaïdal aurait sans doute la préférence d'une majorité, bien que mon inclination personnelle aille plutôt vers quelque chose comme éditorial. Enfin, last but not least, juillet serait évidemment réservé à l'unique entre les uniques, j'ai nommé: FESTIVAL.

Quoi que l'on pense de mon projet, force est de reconnaître que ce mot résume à lui seul l'essentiel de ce qui nous arrive pendant l'été. Et si l'on me permet une ultime réflexion, pour cette réforme du calendrier, le mieux serait d'agir vite. Dans peu de temps en effet, il se pourrait fort bien que l'on ne sache plus du tout à quelle période de l'année ce nom peut s'appliquer de manière spécifique. Au rythme où vont les choses, l'année entière pourrait bientôt n'être plus qu'un long festival, de nivôse à frimaire.
Hâtons-nous donc, avant qu'il ne soit trop tard!

 

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rmsr

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