Armin Jordan
Interview
par Antoine Pecqueur
Revue Musicale de Suisse Romande. Armin Jordan, vous avez récemment dirigé la musique de Zemlinsky à Montpellier, à Strasbourg et à Bâle. Est-ce un compositeur qui vous tient particulièrement à coeur aujourd'hui?
Armin Jordan. Mon intérêt concerne toute la musique expressionniste. Cela fait à peu près vingt ans que je suis passionné par ce répertoire. En tant que chef d'orchestre, il y a des périodes où l'on s'intéresse à une certaine époque, puis on prend ses distances. Longtemps, j'ai été complètement fou de musique impressionniste française; j'ai fait tous les Ravel, Debussy, Fauré... J'ai eu aussi ma passion pour Stravinsky. Aujourd'hui, il y a certaines de ses oeuvres néoclassiques que je n'ai plus envie de donner. Ensuite, pendant toute une période, j'ai adoré la fin du XIXe siècle, notamment les compositeurs français influencés par Wagner: Chausson, Lekeu... Très vite, je suis arrivé à la musique expressionniste. Pour moi, Chostakovitch, c'est de la musique expressionniste; avec une rigueur classique, car on voit tout le temps Bach et Beethoven en filigrane. C'est d'une construction extraordinaire. J'ai une grande estime pour lui car il n'a jamais trouvé nécessaire de se mettre à la mode, de faire du dodécaphonique. Il a démontré qu'avec le système harmonique traditionnel, on pouvait aussi s'exprimer pendant tout un siècle. De là, je suis passé très vite à Zemlinsky. C'est très intéressant pour l'orchestre, car ce sont d'autres instrumentations. Il y a aussi le kitsch, qui joue là un rôle essentiel, qui devient une forme d'expression artistique. Toutes ces facettes de l'expressionnisme me passionnent...
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