No. 56/4    décembre 2003

 

Les nouvelles orgues de la cathédrale de Lausanne

Le pari du XXIe siècle

par Antonin Scherrer

 

Dix ans, deux concours internationaux, un facteur d'orgue américain, un designer italien, une procédure parlementaire, cinq millions de francs, soixante mille heures de travail, une centaine de séances pour une Commission et un Conseil de fondation, un soutien politique et financier remarquable: voilà qui pourrait aurait pu figurer au menu des inventaires à Prévert, mais qui émane en fait de la réalité la plus concrète qui soit -- celle des nouvelles orgues de la cathédrale de Lausanne, rêvées en 1993, imaginées en 1995, mises au concours en 1998, votées par le parlement vaudois en 1999, et finalement inaugurées en cette fin d'année 2003.

Une belle histoire, faite de passion, de courage et de persévérance, qui prend des allures d'épopée si on l'écoute contée par Jean-Christophe Geiser, l'une des chevilles ouvrières du projet et organiste titulaire de la cathédrale. A cheval entre le passé et le présent, entre une histoire récente marquée par des orgues pas à la hauteur de l'importance de l'édifice (le plus important monument gothique de Suisse, tout de même!) et des choix artistiques délicats pour l'avenir, la conception n'a pas été de tout repos. Mais compte tenu du nombre d'acteurs en jeu et des innombrables obstacles qui jalonnaient la route, c'est presque un miracle aux yeux du musicien si l'entreprise a pu être menée à terme aussi «facilement». L'orgue inauguré constitue donc non seulement une prouesse artistique, comme on va pouvoir le constater, mais également le résultat d'un «brainstorming» sans précédent, dont le monde culturel aurait besoin plus souvent car il pose cette question essentielle: quel monde voulons-nous construire aujourd'hui pour qu'il soit agréable à vivre demain? Ces dernières décennies ont été à ce titre, pour Jean-Christophe Geiser, de véritables exemples de manque de vision à long terme. «Au contraire des facteurs du passé, qui cherchaient toujours à être à la pointe de leur temps, ceux du siècle dernier ont pour la plupart fait preuve de conservatisme, notamment en ce qui concerne l'architecture du buffet où ils optaient presque systématiquement pour la copie, par définition inintéressante.» A Lausanne, qui a connu deux instruments Kuhn successifs -- dont celui de 1903 avait été qualifié de «vache en délire» par Charles-Marie Widor -- on a donc décidé d'empoigner le problème différemment. Lorsqu'en 1993 on informe que l'instrument en fonction n'est plus décemment jouable en l'état, deux solutions se profilent: le restaurer ou le remplacer. De nombreux facteurs ont conduit à opter pour la seconde...

 

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