No. 56/4    décembre 2003

 

Tibor Varga

par Vincent Arlettaz

 

Né le 4 juillet 1921 à Györ en Hongrie, Tibor Varga s'est éteint dans sa maison de Grimisuat près de Sion, le 4 septembre 2003. En lui, le Valais et la Suisse perdent un artiste et un pédagogue d'une stature exceptionnelle. Installé dans notre pays depuis 1956, il appartient aux maîtres artisans qui ont façonné notre monde musical, et qui, de leur vivant déjà, sont entrés dans la légende.

Györ, principale ville de l'Ouest de la Hongrie, à mi-chemin entre Budapest et Vienne, est le centre d'une région de longue tradition musicale, dont sont originaires notamment les violonistes Joseph Joachim (1831-1907), Leopold Auer (1845-1930) et Carl Flesch (1873-1944). Tibor Varga y naît le 4 juillet 1921, de parents modestes. Son père, Lajos, violoniste lui-même, avait dû renoncer à la carrière instrumentale suite à un accident survenu à la fin de la Première Guerre. Il se fit donc luthier; les instruments sortis de son atelier furent les premiers jouets du jeune Tibor, qui reçut un enseignement musical dès l'âge de trois ou quatre ans.

Entré au Conservatoire de sa ville natale à l'âge de cinq ans, l'enfant s'exerce dans l'arrière-boutique familiale. Les clients, intrigués par cette belle sonorité, demandent d'abord à voir jouer l'artiste, puis se décident à acheter l'instrument. Lajos, à chaque fois, procure à son fils un nouveau violon; et aux remarques de ce dernier, qui se plaint parfois que le nouvel instrument n'est pas aussi bon que le précédent, le père répond: «Mon fils, tu dois apprendre... qu'il n'y a pas de mauvais violons, seulement de mauvais violonistes!».

 

Budapest

Resté enfant unique, Tibor développera avec ses parents, d'à peine vingt ans plus âgés que lui, une relation d'étroite complicité, dans un contexte d'exigence musicale élevée. Bricoleur, le père construit le premier poste de radio de la ville, le premier projecteur de cinéma... La musique, qu'il entend «au moins dix heures par jour» devient pour ainsi dire la langue maternelle de l'enfant. Malgré une santé fragile, Tibor fait de rapides progrès, et, à l'âge de neuf ans, est présenté au grand virtuose Carl Flesch. Bien que ce premier contact n'aboutisse pas à un enseignement régulier, Flesch deviendra une influence majeure et durable pour le jeune virtuose. L'année suivante, ce dernier joue en public le concerto de Mendelssohn, exploit qui ne passe pas inaperçu; Jenö Hubay (1858-1937), chef de file de l'école hongroise de violon, le fait venir à l'Académie Franz Liszt de Budapest, où il aura principalement pour professeur Franz Gabriel, disciple de Hubay, et adepte à ce titre de l'école «franco-belge» de Vieuxtemps -- une école qui propose une synthèse entre les qualités de profondeur et de sonorité de l'école russe, et celles de légèreté et de clarté de l'école française. Les autres influences majeures durant ces jeunes années furent celles de Bronislaw Huberman (1882-1947), violoniste polonais génial mais inégal, et surtout de Fritz Kreisler (1875-1962), que notre jeune violoniste entend en récital à Budapest, expérience qui le convaincra d'adopter le vibrato serré et expressif qui restera une des marques distinctives de son jeu...

 

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