No. 59/1    mars 2006

 

Galilée de Michael Jarrell

au Grand Théâtre de Genève

par Antoine Pecqueur

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Coïncidence troublante: la création mondiale de «Galilée», opéra de Michael Jarrell, le 25 janvier 2006, s'est déroulée à quelques jours de la découverte de la première planète qui, en dehors de notre système solaire, possèderait des caractéristiques communes avec la Terre. Après «Dérives», opéra de chambre de 1985, et le monodrame «Cassandre» de 1994, Michael Jarrell s'affirme avec «Galilée» comme un auteur qui compte sur la scène lyrique actuelle.

L'écriture musicale de Galilée évite toute référence passéiste et soutient une vision pessimiste de la pièce originale de Bertolt Brecht. En supprimant les scènes du carnaval et de la peste, le livret, signé par Jarrell lui-même, se concentre sur Galilée. Son aspect bon vivant est gommé pour mieux affirmer sa déchéance physique et intellectuelle. Il est important de souligner l'interprétation de Claudio Otelli: d'une présence scénique remarquable (quel regard!), le baryton italien incarne un Galilée d'exception. Le reste de la distribution est à l'avenant. Soulignons également que de nombreux chanteurs s'autorisent ici à phraser, ne se limitant pas à une exécution purement techniciste, encore si courante en musique contemporaine. Seul un manque de projection crée pour certains quelques soucis d'équilibre. Elzbieta Szmytka (Virginia, fille de Galilée) déploie un vibrato des plus expressifs et Hans-Jürg Rickenbacher (le petit moine) révèle une belle clarté de timbre et d'émission. L'Andrea (adulte) de Peter Bording est déterminé et engagé. Une autre bonne surprise est venue de la fosse: l'Orchestre de la Suisse Romande, qui connaît mieux son Brahms que son Boulez, n'a pas démérité en livrant une interprétation précise et soignée, sous la houlette experte de Pascal Rophé.

 

Souplesse et couleur vocale

Tout au long de l'ouvrage, le traitement fait par Jarrell des parties vocales s'avère d'une intelligence remarquable: toutes les techniques (voix parlées, chantées, bouche fermée...) sont employées pour caractériser au mieux les personnages. Les chanteurs éructent, déclament, apostrophent, murmurent... Et de ce festival de couleurs et de souplesse vocales, le texte de Brecht ressort transcendé...

 

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