No. 59/2    juin 2006

 

Un inconnu nommé Mozart

par Vincent Arlettaz

 

Sans doute la plupart des mélomanes actuels savent-ils que Salieri n'a pas assassiné Mozart. La légende, qui doit son origine pour l'essentiel au spirituel Mozart et Salieri de Pouchkine (1832), a marqué les esprits au XIXe siècle, avant d'être reprise au XXe siècle par Peter Schaffer dans sa pièce Amadeus, qui servit elle-même de base au célèbre film de Milos Forman. Tous ces auteurs n'ont jamais prétendu écrire l'histoire, et ont en général eu soin de pourvoir leurs oeuvres de sous-titres, faisant bien comprendre qu'il ne s'agissait là que de créations romanesques, utilisant la réalité comme point de départ de la fiction. Mais de tels sous-titres, lorsque l'oeuvre parvient au grand public, tendent à s'effacer; et le retentissement qu'ont connu ces publications a bel et bien créé une confusion inextricable dans l'esprit du grand public. L'image que nous nous faisons aujourd'hui de l'auteur de Don Giovanni en porte la marque, que nous le voulions ou non. On ne sera pas particulièrement surpris d'apprendre qu'elle est fort éloignée de la réalité, et ne rend nullement justice au véritable génie du compositeur.

Que voilà un intéressant paradoxe en vérité: parce qu'il fait partie des très rares compositeurs classiques connus du plus large public, Mozart a pu être considéré comme un sujet intéressant par l'industrie cinématographique; mais celle-ci, comme on le sait, ne se soucie guère de vérité historique, les nécessités d'une dramaturgie souvent convenue y régnant en maîtres absolus. C'est donc sa célébrité même qui fait de Mozart la cible toute désignée des déformations en tous genres -- un mécanisme surprenant, mais qui n'est pas propre au XXe siècle; en effet, dès le XIXe siècle, biographes et romanciers furent les premiers à répandre sur notre compositeur les légendes et malentendus les plus tenaces. Célèbre et donc méconnu, tel pourrait être en résumé le destin du génial salzbourgeois. Mais pourquoi, en fin de compte, ne pas aller directement à la rencontre de l'homme, et lui demander qui a été l'artiste? ...

 

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