No. 60/3    septembre 2007

 

A bâtons rompus avec Charles Dutoit

Interview exclusive par Claudio Poloni

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Prendre rendez-vous pour une interview avec Charles Dutoit, le chef d'orchestre qui parcourt chaque année plusieurs fois la planète, allant de concert en concert et enchaînant tournée sur tournée? Rien de plus facile! Il a suffi d'un e-mail pour obtenir son accord le jour même, alors qu'il était en Chine. L'entretien a été fixé à Morges, au lendemain d'un concert à Wiesbaden et quelques heures avant un engagement à Gstaad. Le maestro arrivera avec trente minutes de retard, oubliant le légendaire «quart d'heure vaudois»... Mais comme il le dit lui-même, les vingt-cinq ans qu'il a passés à Montréal ont fait de lui un Nord-Américain. Malgré un planning chargé, Charles Dutoit, très volubile et d'une incroyable vivacité d'esprit, accepte de s'entretenir pendant près d'une heure, à bâtons rompus et en toute décontraction.

RMSR. Ce rendez-vous a été pris par e-mail: vous avez fait vôtres les dernières technologies de la communication!

Charles Dutoit (sortant son agenda électronique de sa poche). Voilà, c'est la réponse! Il y a encore quelques années, au temps du fax et du téléphone, personne ne savait où vous étiez, on vous faxait un message dans un hôtel, mais vous aviez réservé une chambre ailleurs. Aujourd'hui, tout est devenu beaucoup plus simple avec l'e-mail. Le seul inconvénient, c'est que ce ne sont plus des relations épistolaires, mais des messages simplifiés, de cinq à six mots. C'est un peu dommage pour la qualité de la langue, mais il faut bien avouer que c'est très pratique.

Vous êtes constamment entre deux avions, entre deux concerts, aux quatre coins de la planète. Avez-vous toujours eu ce rythme de vie effréné?

C'est un peu la nature de la profession, avec 140 à 150 concerts par année, soit un tous les deux jours. En tournée, il peut même y en avoir sept par semaine, et ensuite vous avez cinq jours de libre. C'est vrai que j'ai énormément voyagé, un peu moins tout de même ces dernières années. A l'époque où je m'occupais de quatre orchestres en même temps -- Montréal, Paris, Tokyo et Philadelphie en été -- je circulais en permanence dans un sens ou un autre autour du monde; on m'appelait le décalé, mon horloge biologique était toujours à l'envers. C'en était même effrayant, il m'arrivait d'effectuer des tournées avec plusieurs orchestres à la fois! Cependant, depuis quelques années, j'ai ralenti ce rythme pour essayer d'avoir un peu de temps pour moi.

Tout de même, 140 concerts par année, c'est impressionnant. Maintenant que vous n'avez plus rien à prouver, n'auriez-vous pas envie de souffler un peu?

Oui, mais vous êtes pris dans un engrenage parce que les agendas se remplissent quatre à cinq ans à l'avance. La saison 2011-2012 est d'ores et déjà pratiquement bouclée. Néanmoins, comme j'ai parcouru le monde entier, je vais me calmer un peu, en raison aussi des deux postes fixes que j'ai décidé d'accepter, à Philadelphie et à Londres avec le Royal Philharmonic. Je vais abandonner toutes mes autres activités pour ne plus m'occuper que de ces deux formations...

 

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