No. 61/1    mars 2008

Les musiques de la Cour de Savoie

 

2. La Savoie dans l'histoire de l'art

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Avant d'aborder le cas de la musique elle-même, il ne sera sans doute pas inutile de nous pencher quelques instants sur les rapports que la Savoie médiévale et renaissante a entretenus avec les autres formes d'art. Les réalisations magistrales ne sont en effet pas rares en architecture, en sculpture et en peinture -- la littérature seule pouvant paraître quelque peu en retrait. De toute manière, un tel panorama d'ensemble est indispensable à celui qui désire situer dans son contexte l'efflorescence musicale du XVe siècle. Comme nous avons déjà eu l'occasion de le relever, la politique artistique ambitieuse du voisin bourguignon avait instauré un climat d'émulation unique. Après tout, Amédée VIII, oncle de Philippe le Bon et petit-fils de Jean de Berry, ne pouvait déroger à son rang, et faire moins bien que n'avaient fait le commanditaire des Très Riches Heures ou le mécène de Jan van Eyck. Avant cela déjà, à la faveur du règne de Clément VII, antipape d'origine genevoise, nombre d'artistes savoyards avaient eu l'opportunité de se faire connaître en Avignon. Très tôt également, les peintres piémontais avaient commencé à diffuser en deçà des Alpes les beautés du Trecento italien, dont on trouve des échos dans les recoins les plus inattendus du comté. Plus anciennement encore, les féodaux s'étaient chargés de couvrir le territoire de châteaux-forts. Beaucoup de ce patrimoine est aujourd'hui perdu. Mais ce qui reste suffit à nous prouver que cette terre montagneuse ne s'était pas trouvée, du jour au lendemain, propulsée dans un monde des arts dont elle aurait jusque-là tout ignoré.

L'architecture

Si la Savoie actuelle est célèbre dans le monde de l'architecture, c'est bien en raison de la multitude de sanctuaires que nous a légués l'époque baroque. Etablis à Turin, et soucieux de défendre la foi catholique menacée en Savoie francophone par la proximité de la Rome protestante, les rois de Piémont-Sardaigne prirent soin de faire paraître le culte romain dans toute la splendeur de son plus riche apparat. Quant aux églises et chapelles plus anciennes, elles auront plutôt souffert de cette mise au goût du jour, lorsqu'elles n'avaient pas déjà été victimes des destructions liées aux guerres. Sans doute aussi leur nombre n'était-il dès l'origine pas comparable à celui des autres régions de France, les contraintes du terrain étant plus difficilement maîtrisables ici qu'en Provence ou en Champagne. Enfin, du point de vue géologique, le matériau régional, une pierre extrêmement dure, se prêtait moins à la taille. Quoi qu'il en soit, de l'art roman, la Savoie n'a gardé que quelques faibles vestiges, parmi lesquels le choeur de la cathédrale de Moûtiers en Tarentaise (XIe siècle). Le gothique est mieux servi, notamment par les cathédrales de Saint-Jean-de-Maurienne (XIe et XVe siècles), de Chambéry (XVe-XVIe siècles) et d'Annecy (XVe-XVIe siècles), auxquelles on pourra adjoindre bien sûr celles de Lausanne (XIIe-XIIIe siècles), de Genève (XIIe-XIIIe siècles) et de Fribourg (XIIIe-XVe siècles), sans doute plus imposantes, mais dues aux mêmes écoles de constructeurs. C'est de cette époque également que datent pour l'essentiel les plus beaux châteaux, au premier rang desquels on citera bien sûr Chillon (XIIIe siècle, voir p. 2-3), mais aussi Annecy (XIVe siècle surtout, restauré au XVe siècle) et Menthon (XIIe-XIVe siècles, passablement altéré au XIXe). De dimensions modestes mais d'une grande valeur artistique, il faut aussi citer la Sainte-Chapelle du château de Chambéry (voir illustration ci-dessus) dont, exceptionnellement, on connaît la date précise (1408-1430, sous le règne d'Amédée VIII) et les auteurs (Nicolet Robert et Jacques de Beaujeu). Plus tardivement, Notre-Dame de Brou, élevée entre 1506 et 1532 par Marguerite d'Autriche à la mémoire du duc Philibert, représente pour l'art gothique un chef-d'oeuvre inégalé; ses tombeaux surtout méritent qu'on s'y attarde, ce que nous ferons un peu plus tard, lorsqu'il sera question de sculpture.

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Brou

 

L'enluminure

Pendant tout le Bas Moyen Age, autant que sur les toiles ou sur les murs des palais, la peinture est dans les livres. Or, fait aujourd'hui encore trop peu connu, l'enluminure fut une des contributions les plus importantes de la Savoie à l'art occidental. Amédée VIII n'avait d'ailleurs à ce sujet qu'à suivre les traces de son grand-père Jean de Berry -- le fameux duc des Très Riches Heures; ce manuscrit exceptionnel, laissé inachevé à la mort de Jean, réapparaît d'ailleurs en Savoie vers 1480, et sera complété -- sur ordre du duc Amédée IX -- par un artiste originaire de Bourges, Jean Colombe...

 

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