No. 61/1    mars 2008

Les musiques de la Cour de Savoie

 

6. Musique instrumentale & profane

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L'orgue

Pour le siècle d'or de la musique à la cour de Savoie, l'orgue reste, et de loin, l'instrument sur lequel nous avons le plus de renseignements. Rappelons que son utilisation est attestée dès le XIVe siècle dans de nombreuses et importantes églises, par exemple les cathédrales de Reims, Chartres, Rouen, Paris, Beauvais ou Amiens. Dans le cas de l'église Saint-Donatien de Bruges, on a même des témoignages de l'utilisation de petites orgues pour soutenir les voix, possibilité qui devait rester rare toutefois, puisque nous n'en avons pas retrouvé de traces dans l'iconographie. A l'inverse, on sait que le Vatican et la cathédrale de Cambrai, deux institutions de référence pour la musique sacrée, excluaient délibérément la participation des instruments dans le cadre du culte, pour des raisons théologiques, la voix étant l'expression par excellence de la prière humaine.

Dans un contexte plus régional, l'orgue est encore très rare à cette époque. Il apparaît à Fribourg dès 1425, et c'est sans doute des mêmes années (vers 1430) que date l'orgue de la cathédrale de Valère sur Sion en Valais (voir l'illustration p. 116), un instrument dont, exceptionnellement, une partie importante est aujourd'hui encore conservée, notamment un jeu de bourdons qui seraient les plus anciens tuyaux en bois conservés au monde, et trois jeux en métal. Parler d'un orgue dans son état d'origine est toujours quelque chose de relatif, mais dans le cas de l'orgue de Valère, il semble bien que l'on puisse le considérer comme le plus ancien orgue jouable au monde, malgré des remaniements et ajouts postérieurs au XVe siècle.

Mais revenons à la cour de Savoie; l'instrument y est mentionné pour la première fois dans un document de 1401-2 où il est question d'un «ménétrier de cordes et d'orgues», un certain Henry Alamand. On retrouve cet artiste de manière régulière jusqu'en 1422, de nombreuses missions en Allemagne (pour des raisons diplomatiques ou pour le recrutement d'autres musiciens) lui étant confiées. Sans doute son instrument n'était-il encore qu'un portatif de dimensions modestes, peut-être destiné à la musique profane. Le parc instrumental semble avoir rapidement progressé toutefois: en 1415, un orgue est construit par un certain Mestre Jaques pour Marie de Bourgogne, puis un autre en 1421 pour son mari Amédée VIII, par un facteur de Genève, un certain Conrad Felin: si l'on en croit la liste des matériaux achetés (parmi lesquels 76 livres de métal), il se serait agi d'un positif plutôt que d'un portatif?. Rappelons que la Sainte-Chapelle du château de Chambéry fut construite de 1408 à 1430. Les nouvelles orgues lui étaient peut-être destinées, mais il faut remarquer qu'à cette époque, Amédée VIII préfère déjà sa résidence de Ripaille. Un organiste est d'ailleurs attesté à Ripaille dès 1414, alors que ce n'est qu'en 1431 que l'on voit apparaître un premier nom d'organiste dans la comptabilité de la chapelle ducale, Gauthier de Pernes. Il est vrai, Robert Bradley signale la présence d'un orgue «remarquable» dans la Sainte-Chapelle dès avant 1420, mais par exception, il ne cite aucune source à l'appui de cette affirmation. En 1439, on signale pour la première fois l'acquisition d'un orgue spécifiquement destiné à une chapelle, acheté à un certain Boniface de Ville. Enfin, en 1440, un dénommé Jean-Amédée de Suze reçoit deux florins pour le transport d'orgues de Turin à Chambéry, et le document précise «super collum suum», ce qui exclut qu'il s'agisse d'un entrepreneur de transport recourant à la traction animale. L'instrument en question peut-il dès lors être le même que celui dont la construction est attestée en 1421? Dans ce cas, l'homme aurait été plus que vigoureux...

 

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