No. 61/1    mars 2008

Les musiques de la Cour de Savoie

 

3. La musique, des origines au XIVe siècle

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Les origines de la musique à la cour de Savoie, il faut bien l'avouer, se perdent dans une obscurité regrettable. Lorsqu'on pense à l'importance prise déjà dans le ballet diplomatique européen par une figure telle que celle du comte Vert (Amédée VI, 1343-83) ou de son successeur le comte Rouge (Amédée VII, 1383-91), on ne peut douter qu'une vie de cour développée ait déjà existé à cette époque en Savoie. Malheureusement, très peu de chose nous en est visible: avant 1400 en effet, les sources d'époque n'ont fourni jusqu'ici que des indications plutôt lacunaires à ce sujet. Alors que le XVe siècle a fait l'objet d'investigations assez approfondies, la période antérieure n'a été que partiellement exploitée encore. Déplacées à Turin lors du changement de capitale, longtemps négligées, puis partiellement rétrocédées à Chambéry à l'époque moderne, les archives du comté de Savoie doivent à ces caprices de l'histoire d'avoir été préservées des destructions de la Révolution française. Elles attendent néanmoins encore d'être explorées, et livreront sans doute d'intéressants enseignements, même s'il est peu probable que la vie artistique de la cour ait été comparable dès cette époque aux heures fastes du XVe siècle.

Les troubadours

Du moins savons-nous que la situation géographique charnière de la Savoie lui valut de jouer très tôt le rôle d'un intermédiaire précieux dans la diffusion en Italie de l'art des troubadours provençaux. Au début du XIIIe siècle, ce dernier déborde en effet de son aire géographique originelle, pour devenir un véritable courant littéraire international. A tel point que, lorsqu'il concevra le projet d'écrire sa Divine Comédie, Dante Alighieri (1265-1321) hésitera, dit-on, à utiliser pour ce faire la langue de Bernard de Ventadour. Par leurs contacts proches aussi bien avec la Provence qu'avec les cours des seigneurs de l'Italie septentrionale, les Savoie étaient dans une position privilégiée pour apporter leur contribution en ce domaine. Celle-ci semble être restée modeste toutefois; à la faveur du mariage d'une princesse de Savoie (Béatrice, fille de Thomas Ier) avec Raymond de Bérenger, comte de Provence (1219), plusieurs artistes de la cour de ce dernier (Elias de Barjols, Arnaut Catalan et Aimeric de Belenoi) chantent leur nouvelle dame, et font l'éloge de la Savoie qui leur a offert un cadeau si précieux. Tout conventionnel qu'il ait été, un tel hommage suggère une collaboration d'une forme ou d'une autre avec la jeune principauté alpine. Des troubadours y séjournèrent-ils? Oui, si l'on en croit les déclarations d'un Elias Barjols ou d'un Peire Ramon de Tolosa, tous deux reconnaissants de l'hospitalité qu'ils y trouvèrent. Mais ce premier courant d'air artistique ne doit pas avoir été comparable à la riche efflorescence des cours voisines de l'Est, surtout celle des Montferrat et celle des Este, où furent actifs dès le début du XIIIe siècle les plus grands troubadours, tels que Raimbaut de Vaqueiras ou Peire Vidal. Signalons toutefois qu'un membre de la dynastie, Thomas (†1259), frère du comte Pierre II, s'adonna aux lettres occitanes (chose assez répandue chez les nobles de cette époque, comme on le sait). Parmi les rares oeuvres qui peuvent lui être attribuées figure un intéressant échange avec un certain «Bernado», apparemment un jongleur (giullare), qui reproche à sa cour de ne rien lui donner à manger, alors que Thomas le traite à son tour de «mor de truyea» (groin de porc)!

Ménestrels, instruments

On le voit, les débuts de la poésie en terre savoyarde semblent avoir été modestes; ou peut-être faut-il voir dans le texte auquel il est fait allusion une intéressante pièce parodique...

 

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