No. 62/2    juin 2009

 

Comment ça marche? L'art de l'arrangeur

par Vincent Arlettaz

Séquenceur Logic

Fig. 1

 

A l'heure où nous écrivons, l'état de développement atteint par les bibliothèques symphoniques est tel que le musicien classique y sera très facilement attiré; après avoir entendu quelques «démos» sur internet, il passera à l'acte, et achètera une bibliothèque de sons. Tout fiévreux, il tentera aussitôt de s'y initier; mais en débarquant dans le monde inconnu du «sampling» («échantillonnage»), il risque fort d'être déçu de prime abord. Les méthodes du cyber-orchestre se sont en effet développées dans un environnement assez particulier, qui est celui des «musiciens Midi». De nombreuses techniques parfaitement banales pour ces derniers restent largement inconnues du musicien de conservatoire, qui ne saura d'abord pas par où empoigner le problème. Cherchant des réponses sur les forums de discussion, il se heurtera à un jargon technique certes souvent nécessaire, mais non suffisant à lui expliquer la marche à suivre, et risque de se noyer dans un déluge d'informations de détail ou de considérations annexes. Les notices des produits disponibles sur le marché ont par ailleurs la tendance (commune dans le domaine de l'informatique) de refléter le point de vue des concepteurs, souvent incapables de s'abstraire de leur propre environnement, pour aller au-devant des besoins réels d'utilisateurs néophytes. D'où la réaction de certains nouveaux arrivants, qui comparent parfois Vienna Symphonic Library (VSL) à une Rolls Royce livrée sans mode d'emploi!

Pourtant, le personnel de VSL est certainement très à l'écoute de ses clients, et se montre très disponible pour répondre à leurs questions; mais le malentendu est plus profond: il s'agit là de la rencontre de deux mondes étrangers l'un à l'autre, entre lesquels l'adaptation ne peut se faire sans douleur. Sans prétendre apporter une solution à ces problèmes, nous allons tâcher de faire entrevoir quelques aspects fondamentaux du travail de l'arrangeur. On peut considérer celui-ci dans deux cas: soit nous sommes en présence d'une musique nouvellement créée, qu'il s'agit de réaliser pour la première fois; soit d'une musique qui a déjà été enregistrée, par exemple une oeuvre symphonique de Brahms ou de Debussy. Ce deuxième cas est celui qui est le mieux représenté dans les «démos» figurant sur le site internet de VSL (www.vsl.co.at). Certains critiquent cette attitude, observant que le but des bibliothèques de sons n'est pas de reproduire des oeuvres qui existent déjà -- qui plus est dans des interprétations de grande qualité -- et qu'il est inutile d'en proposer des versions échantillonnées qui resteront forcément en deçà. Mais sans doute faut-il voir tout cela comme une phase historique nécessaire: à l'heure actuelle, le cyber-orchestre n'est certainement pas au bout de son développement; il peut encore être amélioré, et c'est la confrontation justement avec les interprétations les plus abouties qui le lui permettra.

Mais pour commencer, voyons peut-être ce qu'il en est du système de manière très générale -- dans un deuxième temps, nous entrerons un peu plus en détail dans la pratique des meilleurs arrangeurs.

Le «hardware»

Rappelons le parallèle que nous avions proposé avec l'orgue de barbarie: pour ce dernier, le son est produit par des tuyaux, mais le contrôle général est assuré par une bande perforée. Dans le cas du cyber-orchestre, le son est produit par le logiciel lecteur d'échantillons, qui correspondrait donc aux tuyaux; et le contrôle (analogue au papier perforé) est assuré par le logiciel séquenceur. Ce dernier ne contient que les données essentielles, pour ainsi dire le «squelette» de la musique à jouer: les hauteurs, les durées, les dynamiques, avec éventuellement quelques autres informations annexes. Cela étant, deux choix fondamentaux se présentent à l'utilisateur: beaucoup préfèrent aujourd'hui travailler sur deux ordinateurs (voire davantage), pour augmenter la puissance de calcul et la mémoire disponibles, et ainsi pouvoir utiliser plus d'instruments en temps réel sans risquer d'encombrement (qui se solderait par un arrêt de la lecture, voire la nécessité de redémarrer tout le dispositif). Dans ce cas de figure, le logiciel séquenceur (le «papier perforé», fig. 1) est ouvert sur une première machine; un deuxième ordinateur, dit «esclave», couplé au premier, héberge le lecteur d'échantillons, comme un programme en soi («standalone»). Si l'on ne dispose que d'un ordinateur, on peut également insérer le lecteur d'échantillons à l'intérieur du séquenceur, sous la forme de ce qu'on appelle un «effet» (en anglais «plug-in»); cette solution est plus économique, mais elle est aussi moins souple et moins performante. Quant au dispositif à deux ordinateurs, il est évidemment plus onéreux, mais on se consolera en apprenant que certains professionnels d'Hollywood (tel que Nick Phoenix, concepteur de East West Quantum Leap Symphonic Orchestra, principal concurrent de VSL) utilisent jusqu'à huit ordinateurs «esclaves», asservis à leur séquenceur...

 

Pour lire la suite...

RMSR juin 2009

La version gratuite de cet article est limitée au premier quart.

Vous pouvez commander ce numéro 62/2 (juin 2009, 64 pages en couleurs, avec un CD) pour 13 francs suisses + frais de port (pour la Suisse: 2.50 CHF; pour l'Europe: 4.50 CHF; autres pays: 6.50 CHF), en nous envoyant vos coordonnées postales à l'adresse suivante (n'oubliez pas de préciser le numéro qui fait l'objet de votre commande):

info@rmsr.ch

(Pour plus d'informations, voir notre page «archives».)

 

Offre spéciale!

Pour quelques francs de plus, offrez-vous une année complète de Revue Musicale! Abonnez-vous à l'essai pour un an, pour seulement 29 francs suisses (frais de port inclus)* au lieu de 42, soit 30% d'économie, et recevez ce numéro en cadeau! Veuillez envoyer vos coordonnées postales à l'adresse suivante, en précisant le numéro que vous souhaitez recevoir en cadeau:

info@rmsr.ch

(* Tarif pour la Suisse, valable seulement pour un nouvel abonné (personne physique uniquement). Tarif pour l'Europe: 42 francs suisses; reste du monde: 49 francs suisses.)

(Pour plus d'informations, voir notre page «abonnement».)

 

Retour au sommaire du No. 62/2 (juin 2009)

 

© Revue Musicale de Suisse Romande
Reproduction interdite

 

Vous êtes sur le site de la  REVUE  MUSICALE  DE  SUISSE  ROMANDE

[ Visite guidée ]   [ Menu principal ]

(page mise à jour le 2 juillet 2009)