No. 63/1    mars 2010


Orient & Occident

Le Japon

par Vincent Arlettaz

Orient et Occident: le Japon


En l'an de grâce 2010, l'Asie est sans contradiction possible le continent de toutes les promesses, de toutes les espérances; pour certains -- pour le monde de l'économie en général -- ce n'est somme toute qu'un nouvel Eldorado, un «Far East» où tout est finalement permis, au nom du sacro-saint bénéfice. Mais peut-on séparer économie, société et culture? La montée en puissance de l'industrie chinoise possède désormais son corollaire en matière artistique: de plus en plus, les Orientaux sont présents sur la scène musicale internationale: chefs japonais, pianistes chinois, orchestres taïwanais, chanteurs coréens, les Européens devront se faire à l'idée que, autant que les Etats-Unis ou le Venezuela, la Chine et la Corée vont devenir peu à peu la patrie de Beethoven et de Ravel. Cette situation ne pourrait que réjouir si tous ces pays n'étaient pas eux-mêmes les héritiers d'une tradition culturelle extrêmement riche, que l'actuelle globalisation peut mettre en danger. Qu'adviendra-t-il des gamelans indonésiens, des orgues à bouche chinois ou du chant diphonique tibétain, dans un monde qui ne parlerait plus que le langage de l'internet et ne s'intéresserait plus qu'aux fluctuations du marché boursier? Vivons-nous en cet instant même les derniers feux d'un astre mourant? Les découvertes magnifiques réalisées par nos prédécesseurs aux quatre coins de la planète depuis le Néolithique, vont-elles être sacrifiées sur l'autel du fast-food et des scénarios hollywoodiens? Quelles sont les chances pour que nous puissions préserver cette «biodiversité culturelle» et la transmettre aux générations futures? L'exemple du Japon est éclairant. Premier pays asiatique à adopter le mode de vie occidental, il offre à l'observateur une expérience de 150 ans sur le thème de la globalisation. Son cas pourrait bien montrer quel avenir attend les autres nations d'Extrême-Orient, mais aussi du vaste monde.

 

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RMSR mars 2010

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