Les périodiques
La couverture de «Hougaku-no Tomo», «L'ami de la musique japonaise», mensuel de référence pour les professionnels de la musique japonaise traditionnelle.
Notre petit périple nous a donc amenés dans un musée, une université, un théâtre; nous avons visité un atelier de facture instrumentale, et recueilli les témoignages d'artistes, d'enseignants, d'impresarios ou de simples mélomanes comme Alma. Pour que le tableau soit un peu plus complet, il nous fallait aussi chercher à apprendre quelque chose sur les médias -- en quelque sorte, il s'agit ici d'aller à la rencontre de nos homologues! John Neptune avait signalé à notre attention un mensuel consacré à la musique traditionnelle: le Hôgaku Journal. («Journal de musique japonaise»). De grand format (A4), en partie en couleurs, c'est apparemment un magazine d'actualités essentiellement. Masateru Ando, faisant quelque peu la moue à la vue de la couverture bigarrée, nous oriente vers un autre périodique, plus intéressant à ses yeux: le Hougaku-no Tomo -- c'est-à-dire «l'ami de la musique japonaise». Son apparence est plus austère, le format plus petit (un peu plus petit même que le nôtre), les illustrations moins nombreuses et exclusivement en noir et blanc, à l'exception de la couverture. Le cahier adopte la disposition japonaise traditionnelle: au contraire de nos livres occidentaux, il se feuillette de droite à gauche et se lit verticalement, de haut en bas. C'est de toute évidence un média réservé aux professionnels, raison sans doute pour laquelle M. Ando lui donne la préférence. A nouveau, l'interview aura lieu dans le hall de l'hôtel. M. Moriya, rédacteur en chef, ne parle pas l'anglais lui non plus; mais notre interprète Alma traduit, ajoutant des commentaires tirés de sa propre expérience.
0,02 pour mille!
M. Moriya est un homme d'une cinquantaine d'années, de solide constitution, vêtu d'un complet-veston bleu marine -- comme presque tous les Japonais lorsqu'ils évoluent dans le milieu professionnel. Lui-même prend régulièrement la plume pour écrire dans sa revue, et présente cette activité comme son «hobby». Pourtant, son journal paraît 12 fois par an; et même s'il ne comporte que 82 pages, on devine qu'une telle activité éditoriale doit être très absorbante. Créé en 1955, «L'ami de la musique traditionnelle» a donc 55 ans d'existence. Le tirage varie de mois en mois, mais se situe usuellement autour de 2'500 copies; pour une population japonaise qui compte 130 millions d'âmes, ce chiffre paraît très modeste: il représente en effet un taux de 0,02 pour mille; rapporté à notre échelle, c'est comme si notre revue, diffusée essentiellement dans une Suisse romande qui compte moins de 2 millions d'habitants, tirait à... une trentaine d'exemplaires! M. Moriya nous explique que les ventes ont lieu essentiellement en kiosque ou en librairie, le nombre d'abonnés restant faible -- ce qui explique les fluctuations du tirage...
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