No. 64/3    septembre 2011

 

Les spectacles de l'été 2011

par Andriana Soulele

 

Les tragédies antiques n'ont pas fini de fasciner le public, ni d'occuper le devant des scènes théâtrales. Aujourd'hui comme à l'époque de Goethe ou de Nietzsche, de nombreuses productions nouvelles sont proposées au public, la plupart d'entre elles comportant également un volet musical; où en sont donc les tendances de la création actuelle? Petit tour d'horizon des nouveautés de la saison 2011...

Parmi les nombreux spectacles chorégraphiques, concerts de musique classique ou actuelle, expositions d'oeuvres d'art ou représentations théâtrales proposées cet été par le Festival d'Athènes-Epidaure (ou par d'autres festivals de province), la tragédie et la comédie antiques occupent une place importante: Les Bacchantes, Héraclès furieux et Médée, trois tragédies d'Euripide, témoignent sans doute de la prédilection portée par les metteurs en scène grecs au plus jeune des trois grands auteurs tragiques. Rares sont en revanche ceux qui ont choisi Eschyle ou Sophocle -- tel Theodoros Terzopoulos, à qui l'on doit un Prométhée Enchaîné d'Eschyle; ou Angela Brouskou, qui présentait Clytemnestre-Lieu E, un monologue basé sur des textes divers d'Eschyle, Miller, Hofmannsthal, Sartre et Bruckner; ou encore le metteur en scène franco-libanais Wajdi Mouawad, qui a rendu hommage à Sophocle en proposant Des Femmes, un spectacle basé sur les tragédies Antigone, Electre et Les Trachiniennes. Quant à la comédie, l'actualité permanente de pièces telles que La Paix ou Lysistrata d'Aristophane, leur a assuré un succès extraordinaire auprès du public grec, public bien découragé par la crise profonde, tant financière que sociopolitique, que traverse actuellement le pays.


La paix, avec Aristophane

Traitant le sujet de la guerre de façon mordante dans ces deux comédies, Aristophane tenta de raisonner ses compatriotes, au moment même où sévissait la longue Guerre du Péloponnèse (431--404 av. J.-C.). En 2011, où se déroule une autre sorte de guerre, les metteurs en scène de La Paix et de Lysistrata ont essayé d'unir les spectateurs grecs, ainsi que de relever leur esprit national en actualisant le texte, par le biais de références et d'allusions au présent, tout en critiquant vigoureusement non seulement les fondements politiques grecs et européens, mais également les choix, le comportement et la mentalité du peuple grec. En particulier, l'acteur reconnu Petros Philippidis, qui a également adapté et mis en scène La Paix d'Aristophane (voir l'illustration p. 49), sans altérer le texte original ni transposer son époque, souligne: «La guerre est sociale, économique et intérieure. C'est exactement ce que l'on veut montrer aujourd'hui avec La Paix; car il ne s'agit pas d'une guerre au corps à corps, mais d'une autre guerre que la société affronte, beaucoup plus sournoise et dangereuse. Le rôle du vigneron Trygée est extraordinaire. J'aime son utopie, c'est ce à quoi je crois depuis toujours: les choses ne naissent pas de la réalité, mais de l'utopie, du rêve. On considère que l'utopie n'est pas réalisable; mais à mon avis, c'est le point de départ de tout».

Représentée d'abord en Epidaure, puis dans les grandes villes du pays, par le groupe Theatriki Diadromi (Parcours Théâtral), dans une traduction de K. X. Miris, des décors vifs de Giannis Metzikof et sur une musique rythmée de Minos Matsas (inspirée par la tradition musicale grecque), La Paix a conquis et passionné son public. En tant que spectatrice enthousiaste de cette pièce (jouée également dans le cadre du Festival de Patras au mois de juillet), je peux confirmer cette appréciation de l'adaptation -- très intelligente -- du texte à l'actualité grecque. L'interprétation des acteurs n'était pas en reste, comme l'ont bien souligné les rires, ainsi que l'air de réflexion sérieuse que l'on pouvait lire sur les visages du public -- et surtout les applaudissements qui suivaient la fin de chaque scène, de chaque chanson, et très souvent de chaque réplique. Grâce à cette «injection» profonde de vérité, de sincérité, de drôlerie et d'émotion, il semble qu'Aristophane donne encore de l'espoir et touche davantage le coeur du public d'aujourd'hui qu'Eschyle ne l'aurait fait avec une tragédie «anti-polémique» comme Les Perses...

 

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RMSR septembre 2011

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