No. 64/4    décembre 2011

 

Eric Tappy

«L’émotion du chant commence dans le regard et non dans la voix»

Par Claudio Poloni

 

Eric Tappy a fêté ses 80 ans en mai dernier. L’anniversaire serait passé inaperçu, tant le célèbre ténor affectionne la discrétion, si l’attribution de la médaille d’or de la Ville de Lausanne et la sortie simultanée de deux publications n’étaient venues marquer l’événement: un livre particulièrement fouillé et richement illustré ainsi qu’un enregistrement inédit complètent désormais les témoignages consacrés à une carrière d’exception. Le mot n’est pas galvaudé car, faut-il le rappeler, l’artiste a été, trois décennies durant, l’un des ténors les plus demandés, d’abord dans l’oratorio puis à l’opéra, faisant les beaux soirs des théâtres les plus prestigieux, de Genève à Salzbourg en passant par Paris et Londres. Ses incarnations les plus emblématiques auront été Orfeo, Ottavio (Don Giovanni), Tamino (La Flûte enchantée) et Pelléas, dans un répertoire de plus de 500 titres. En 1981, Eric Tappy est au sommet de la gloire. Alors qu’il n’a que 50 ans, il décide brusquement de cesser de se produire en public et d’abandonner trois ans de contrats, dont une nouvelle production de Pelléas et Mélisande à New York. Une nouvelle vie commence alors pour lui: pendant une dizaine d’années, il se consacre à l’enseignement, transmettant ses connaissances et son expérience à de jeunes chanteurs à l’enseigne d’un Atelier créé tout spécialement pour lui et par lui à l’Opéra de Lyon. Il est aussi invité à donner des classes de maître et à siéger comme juré de concours internationaux de chant. Il s’essaiera également à la mise en scène avec notamment une Flûte Enchantée à Lausanne en 1983. Aujourd’hui, il lui arrive encore de recevoir des chanteurs qui viennent lui demander conseil.


L'enchanteur

Eric Tappy -- L’Enchanteur est le titre de l’ouvrage consacré au ténor pour son 80e anniversaire. Superbement écrit par Myriam Meuwly durant l’année qui a précédé son décès, alors que la journaliste se savait condamnée, il se lit avec une émotion particulière. L’auteur brosse avec sensibilité et acuité le portrait d’un homme attachant et complexe et retrace les grandes étapes de sa carrière. Elle évoque la vulnérabilité d’un artiste terriblement exigeant envers lui-même et perfectionniste, l’anxiété permanente et la solitude causée par les fréquents séjours loin des siens, ce qui fait dire aujourd’hui à Eric Tappy «qu’il y a du bonheur à chanter, mais on ne peut pas appeler cela du plaisir.» La barre a toujours été placée très haut: «une fois, une note n’est pas sortie comme je l’aurais souhaité et j’en ai fait une maladie. J’ai une exigence probablement excessive, mais qui m’a aussi sûrement permis de faire tout ce que j’ai fait. J’ai beaucoup douté de moi. Plus que les applaudissements, ce qui m’a fait du bien, ce sont les témoignages que j’ai reçus de personnes qui ont été touchées par ma voix.» Plusieurs pages tentent d’expliquer la décision du chanteur de se retirer des scènes lyriques au faîte de son art, un geste qui, à l’époque, avait surpris et suscité l’incompréhension. Eric Tappy n’a jamais regretté son choix. Pour lui, tout est simple et clair: «je trouvais que je trahissais ma profession en étant partout à la fois. Les théâtres qui voulaient m’engager acceptaient que j’arrive après le début des répétitions parce que j’étais occupé ailleurs...»

 

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RMSR décembre 2011

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(page mise à jour le 22 décembre 2011)