Mélodie Zhao
Par Claudio Poloni
Pianiste surdouée d'origine chinoise, formée à Genève, Mélodie Zhao se lance dans de grandes aventures, malgré ses 18 ans. Avec l'assurance et l'aisance de ceux qui savent exactement ce qu'ils veulent: le dicton selon lequel «la valeur n'attend pas le nombre des années» semble avoir été inventé pour elle!
Lorsque l'entretien commence, Mélodie Zhao a déjà une longue journée derrière elle. Elle vient en effet de terminer l'enregistrement d'une sonate en trois mouvements de son cru. Son agent voudrait remettre le master à une personnalité importante du monde musical. On dirait que les bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau de la pianiste prodige ont voulu la doter de plusieurs talents à la fois. Une des premières questions qui viennent naturellement à l'esprit, à propos de Mélodie Zhao, c'est de savoir si son prénom est véritablement le sien ou s'il s'agit d'un nom d'artiste. La chose n'est pas aussi anecdotique qu'elle peut paraître: ses parents sont en effet tous les deux chinois (sa mère est originaire de Malaisie, et son père de Chine) et se sont rencontrés à Genève. Fascinée par la langue française, Mme Zhao voulait que le nom de son enfant contienne un accent. Professeur de violon, le père souhaitait, pour sa part, un prénom à consonance musicale; d'où le choix de «Mélodie». Sur le même principe, mais sans accent, la soeur cadette a été appelée «Cadenza»!
Gruyères-Pékin, aller-retour
Les premières années de Mélodie Zhao n'ont déjà rien de banal. Après sa naissance à Gruyères, elle est confiée à ses grands-parents paternels à Pékin, car ses parents doivent souvent s'absenter pour des raisons professionnelles. Pendant six ans, elle passera en alternance six mois en Chine et six mois chez ses parents en Suisse. Son père l'initie au violon, mais elle jette son dévolu sur le piano dans une sorte de «crise de jalousie», comme elle le dit elle-même dans un grand éclat de rire: à trois ans, elle rend visite à un cousin, de six ans son aîné, qui est considéré comme un prodige du piano. Mais celui-ci ne veut surtout pas que la petite Mélodie touche son instrument, de peur qu'elle ne l'abîme. De retour à Pékin, Mélodie commence à s'asseoir de plus en plus souvent au piano, jusqu'à y passer plus de trois heures par jour. Elle fait ses premières gammes avec son grand-père, directeur de l'Harmonie Nationale de Chine, qui l'initie au solfège. De six à neuf ans, Mélodie suit les cours de l'Ecole Française de Pékin et, parallèlement, étudie le piano au Conservatoire National de Chine. Lorsqu'elle s'installe définitivement en Suisse à l'âge de neuf ans, c'est son père qui prend le relais. M. Zhao inscrit sa fille au Conservatoire de Genève, où elle a pour professeur Pascal Devoyon, qu'elle continue à voir aujourd'hui à Berlin une fois par mois...
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