No. 65/4    décembre 2012

 

Sofia Gubaidulina en résidence au Festival de Lucerne

Par Myriam Tétaz-Gramegna

 

«In croce», une pièce pour violoncelle et bayan (accordéon russe), résume la démarche de la compositrice russe Sofia Gubaidulina, qui était l'invitée en résidence du Festival de Lucerne 2012: deux voix s'y croisent au coeur de la partition, symbole de la rencontre de mondes opposés: terre et ciel, ombre et lumière, mort et résurrection; une confrontation des contraires qu'on retrouve dans toute son oeuvre. Composer est pour elle un acte de foi. «La source de l'art est spirituelle», dit-elle, «et sa mission est de nous réintroduire dans cette spiritualité.»

Le thème du festival, justement, était: croire. Entre Requiems de Mozart et de Verdi, Messe de Schubert ou Moïse et Aaron de Schönberg, la Passion et Pâques selon saint Jean (que Gubaidulina considère comme son grand oeuvre) marquait l'apogée de la rétrospective lucernoise. Sofia Gubaidulina avait été désignée lauréate de la Roche Commission il y a deux ans. Mais pour des raisons de santé, elle n'a pu honorer la commande d'une oeuvre qui devait être créée cette année à Lucerne. Elle n'en a pas moins été remarquablement présente tout au long du festival, qui affichait pas moins de quatorze oeuvres de la compositrice russe.

Svelte, démarche alerte, pommettes saillantes, yeux foncés pétillants de vie, avec un rien d'ironie, Sofia Gubaidulina laisse transparaître dans ses gestes, dans le regard et dans la voix une inébranlable détermination, sous une apparence presque timide. Elle vit avec intensité son engagement artistique, soit qu'elle écoute ses oeuvres, soit qu'elle travaille avec des étudiants, ou même participe avec eux à un concert, comme dans Am Rande des Abgrunds où elle tenait une des parties d'aquaphone.

 

De Kazan à Hambourg

Destin exceptionnel que celui de Sofia Asgatovna Gubaidulina, née en 1931 à Tchistopol en République Tatare, d'un père musulman et d'une mère russe et juive, mais agnostique. Sofia, à cinq ans, se découvre une foi que, dans le régime soviétique, elle devra cacher; elle comprend déjà que la musique, par laquelle elle exprimera sa quête spirituelle, donnera sens à sa vie. Elle commence le piano, compose, entre au conservatoire de Kazan, puis ira à Moscou où elle travaille avec un assistant de Chostakovitch. Elle obtient un premier prix de composition, mais les experts dénoncent sa «voie erronée» -- voie dans laquelle l'un d'entre eux, Chostakovitch, l'encourage pourtant à continuer. «Il était un homme impressionnant, à l'esprit sagace, profond, mélancolique. Je l'admirais, sa musique me fascinait. Il a été la personnalité la plus marquante de mes années d'études. Chostakovitch et Webern ont eu une grande influence sur mon travail sans vraiment laisser de traces directement perceptibles dans ma musique; mais ce sont eux qui m'ont appris l'essentiel: être moi-même.» En 1985, elle obtient enfin la permission de voyager à l'Ouest. En 1992, elle s'installe en Allemagne, près de Hambourg...

 

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RMSR décembre 2012

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(page mise à jour le 16 décembre 2012)