No. 66/3    septembre 2013

 

Dans les coulisses de la Revue

par Vincent Arlettaz

SRO-Kundig à Versoix

Le coeur de l'imprimerie SRO-Kundig à Versoix près de Genève: les presses offset Heidelberg Speedmaster, de fabrication allemande, sur lesquelles la présente revue a été imprimée.

 

En 2001, année de ma nomination comme rédacteur en chef, le flux de production de la Revue Musicale était encore relativement traditionnel: journalistes et musicologues envoyaient par la poste leurs textes, sur disquette informatique; les illustrations, au format papier, suivaient le même canal, même s'il arrivait -- plutôt rarement -- que l'on voie passer un CD-Rom de photos. Ce matériel, après correction et validation par le rédacteur en chef, était envoyé à l'imprimeur, qui se chargeait de toute la mise en page. En peu d'années, les progrès de la micro-informatique ont totalement bouleversé cette situation: aujourd'hui, textes et photos transitent presque exclusivement par e-mail, et même les CD-Rom deviennent l'exception. Quant à la mise en page, nos imprimeurs ne s'en occupent tout simplement plus: ils reçoivent par internet des fichiers «PDF» prêts à l'emploi; c'est là la condition pour obtenir de leur part des prix intéressants; une telle évolution entraîne naturellement un surplus de travail pour notre rédaction -- mais dans des proportions somme toute raisonnables. En revanche, les tâches techniques nouvelles que nous sommes désormais appelés à assumer comportent un certain nombre de pièges: une communication bien rodée avec l'imprimerie, et surtout l'expérience de quelques projets déjà réalisés, ne seront pas de trop pour éviter les plus dangereux d'entre eux!

Sans doute le grand public a-t-il aujourd'hui une idée assez fausse de ce que représente le fait d'imprimer: après tout, nos imprimantes personnelles, que nous commandons d'un simple clic, ne fournissent-elles pas des documents qui paraissent acceptables? L'illusion est périlleuse: car produire un imprimé de niveau professionnel, qui soit à la fois d'une haute qualité esthétique, et apte à une conservation à long terme, n'a tout simplement rien à voir avec les manipulations d'un espace de travail privé; il s'agit au contraire, aujourd'hui plus que jamais, d'un métier de grande exigence. Bien sûr, l'imprimeur de 2013 bénéficie de l'aide de toute la technologie moderne; mais d'un autre côté, il doit faire face à des tâches de plus en plus complexes, notamment en raison de la démocratisation de la couleur. Quant au graphiste improvisé, malheur à celui qui serait vraiment trop ignorant de la manière dont se comportent les scanners, les logiciels de photo ou de mise en page! Car ce qui paraît excellent à l'écran peut déboucher sur un résultat exécrable à l'impression. Au cours de sa carrière, un rédacteur en chef n'évitera pas l'une ou l'autre déconvenue de ce genre; il importe dès lors d'apprendre de ses erreurs, et de ne pas les répéter.

 

Le «prépresse»

Le contrôle de qualité commence haut en amont; on fera ici abstraction du travail sur les textes, dont les principes n'ont pas fondamentalement changé depuis de longues années: contentons-nous de parler des images. Celles-ci doivent être de qualité artistique et technique suffisante, ce qui n'est parfois pas facile à juger lorsqu'on les visionne sur un écran d'ordinateur, qui ne propose en fin de compte qu'une assez vague simulation. D'autre part, la plupart des images, même de bonne qualité, auront besoin d'être retouchées: il faut entre autres en ajuster le cadrage, le contraste, la saturation, la balance des couleurs (c'est-à-dire choisir une prédominante de rouge, de bleu ou de jaune, etc., dans les tons clairs, foncés ou moyens). Pour un meilleur contrôle du rendu final des couleurs, notre ordinateur doit en outre respecter des réglages qui nous sont fournis par l'imprimeur -- c'est ce qu'on appelle un «profil de couleurs».

Mise en page et corrections sur épreuves se font ensuite en interne; lorsque ce travail est achevé, des fichiers PDF de haute définition sont envoyés à l'imprimeur, par internet. Du côté de la revue, le matériel nécessaire à tout ce travail de «prépresse» n'est pas considérable: ordinateur personnel standard, scanner, appareil réflex numérique (pour les reportages) et connexion internet haut débit forment l'essentiel, sans oublier une demi-douzaine de logiciels professionnels: pour le texte, la photo, les exemples musicaux, la mise en page, etc. Au total, l'investissement se situe entre 5'000 et 10'000 francs suisses, ce qui n'est pas grand-chose si on le compare à l'équipement d'une imprimerie, qui se chiffre rapidement en millions, voire en dizaines de millions. Quant au cycle de préparation d'une revue, entre la réception des articles et photos, et la livraison du PDF à l'imprimeur, il s'étend au minimum sur une semaine; mais ceci n'est que le cas le plus favorable, c'est-à-dire lorsque la rédaction n'a que très peu de textes à écrire elle-même; dans le cas contraire, le délai est rallongé d'autant, jusqu'à deux ou trois semaines; il peut même parfois dépasser le mois. A tout cela, il faut bien entendu rajouter le temps de travail de l'imprimerie, soit une semaine à dix jours supplémentaires.

 

L'imposition

Dans une première étape, les techniciens du service prépresse de l'imprimerie examinent les fichiers PDF que nous leur avons fournis; ils y repèrent les éventuels problèmes -- par exemple des éléments qui ne sont pas visibles sur l'écran de l'ordinateur, mais qui donneraient un mauvais résultat en presse. Si tout est en ordre (c'est le cas général), ils procèdent à une première manipulation, l'imposition. La revue va en effet s'imprimer sur de grandes feuilles, mesurant un mètre de longueur sur 70 centimètres de largeur; après impression, cette feuille, imprimée en recto-verso, sera pliée en deux à quatre reprises, ce qui va en faire un cahier de 32 pages; l'imposition est la technique qui permet de distribuer les pages sur la feuille dans un ordre apparemment absurde, mais qui fera en sorte qu'elles se suivent de manière correcte après pliage. Il est intéressant de noter que ces principes d'imposition et de pliage n'ont pas fondamentalement changé depuis l'époque de Gutenberg; tout au plus l'ordinateur permet-il d'en améliorer la gestion, parfois même de calculer la manière de minimiser les chutes de papier, en fonction du format de la revue et des dimensions de la feuille de papier utilisée. Les logiciels d'imposition permettent également de tenir compte de l'épaisseur du papier, qui doit être compensée pour que, après pliage, toutes les pages se superposent de manière exacte. La Revue Musicale comporte 64 pages, soit deux cahiers de 32 pages; ce qui signifie qu'elle est imprimée sur deux feuilles seulement; la première feuille, après pliage, devient le premier cahier, et comporte les pages 1 à 16 et 49 à 64; le deuxième cahier couvre les pages 17 à 48; il sera inséré, à l'étape du façonnage, à l'intérieur du premier; la couverture, qui utilise un papier un peu plus épais, sera imprimée à part, et coiffera le tout...

 

Pour lire la suite...

Revue Musicale de Suisse Romande, septembre 2013

La version gratuite de cet article est limitée aux premiers paragraphes.

Vous pouvez commander ce numéro 66/3 (septembre 2013, 64 pages, en couleurs) pour 13 francs suisses + frais de port (pour la Suisse: 2.50 CHF; pour l'Europe: 5 CHF; autres pays: 7 CHF), en nous envoyant vos coordonnées postales à l'adresse suivante (n'oubliez pas de préciser le numéro qui fait l'objet de votre commande):

 

info@rmsr.ch

(Pour plus d'informations, voir notre page «archives».)

 

Retour au sommaire du No. 66/3 (septembre 2013)

 

© Revue Musicale de Suisse Romande
Reproduction interdite

 

Vous êtes sur le site de la  REVUE  MUSICALE  DE  SUISSE  ROMANDE

[ Visite guidée ]   [ Menu principal ]

(page mise à jour le 23 septembre 2013)