No. 67/2    juin 2014

 

Les 75 ans de Heinz Holliger

Par Myriam Tétaz-Gramegna

 

Pour marquer les 75 ans de Heinz Holliger, le Festival de Lucerne a inscrit à son programme 2014 le ‘Scardanelli Cycle', une des oeuvres maîtresses du compositeur bernois, ainsi que la création de son ‘Troisième quatuor'.

Ce Scardanelli Cycle, dont Ligeti disait qu'il est «l'une des oeuvres les plus riches et les plus profondes de notre époque», Holliger le travaillera avec les musiciens de la Festival Academy (créée par Boulez et vouée à la musique des XXe et XXIe siècles), puis le dirigera en concert avec eux le 30 août à 11 heures, dans la grande salle du KKL. Le Quatuor Zehetmair et la soprano Anu Komsi créeront pour leur part son Troisième quatuor, à 16 heures à la Lukaskirche, lors d'un concert dédié à la mémoire de la harpiste Ursula Holliger, épouse de Heinz, décédée en janvier dernier. Hautboïste, chef d'orchestre et compositeur, le musicien bernois, né en 1939 à Langenthal, a toujours eu le souci d'aller jusqu'aux extrêmes possibilités de son art et des instruments; le sien d'abord, dont il a révélé des potentialités insoupçonnées: «Les musiciens n'ont pas assez la curiosité de leur instrument, le goût d'inventer ce dont on n'a pas encore fait l'expérience, de découvrir jusqu'où on peut aller. Tout grand art est extrême.»

 

Chaque oeuvre doit créer un nouveau monde

«En fait, je suis parti d'un lyrisme que je suis en train de retrouver. Pendant une certaine période, j'ai mené mes recherches jusqu'à l'extrême de l'expression, et même jusqu'à la destruction du son; j'ai écrit des pièces qui sont pratiquement inaudibles», avouait en riant Heinz Holliger, lors d'une rencontre à Lucerne. «Pourtant, l'essentiel, le contenu de ma musique, je ne crois pas qu'il soit autre; seule l'apparence, qui a pu être choquante, est différente.»

«J'estime une musique aboutie si chaque son, chaque élément reste ambigu, possède de nombreuses facettes, sans jamais rien de figé, tout restant ouvert, riche de potentialités qui se démultiplient entre elles -- comme dans les tableaux de Klee. Chaque élément musical revêt pour moi un aspect très organique. Je pars des cellules les plus minuscules, de la sonorité d'un instrument; je travaille sur l'émanation du son à ses débuts: comment il se crée, sort du silence, va du souffle au son. Je tâche d'explorer ensuite ce qui se passe lorsque le son s'efface à nouveau dans le souffle. Ainsi dans Pneuma, j'ai traité le phénomène du souffle, du rapport entre le corps et l'instrument. Je n'emploie pas le son comme un matériel: pour moi le son est un organisme vivant qui naît, se développe, meurt.»

 

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RMSR juin 2014

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