Adrian McDonnell
Virtuosité d'orchestre
Adrian McDonnell : Virtuosité d’orchestre. Traité des techniques d’ensemble pour les musiciens d’orchestre, Corelia, L’Algarade, 2013, 248 p.
Par Vincent Arlettaz
Né en 1959, Adrian McDonnell a d'abord été formé aux Etats-Unis comme violoniste et chef d'orchestre; mais c'est en France qu'il termine ses études, puis développe l'essentiel de sa carrière, dirigeant notamment depuis 25 ans l'Orchestre de la Cité Internationale de l'Université de Paris. Au bénéfice d'une expérience unique à la tête d'orchestres de jeunes professionnels, il vient de publier un ouvrage qui se destine -- chose fort originale -- non pas aux chefs, mais aux instrumentistes débutant dans le travail symphonique. Gageons que cette lecture sera salutaire pour d'innombrables musiciens: car dans le tourbillon médiatique que l'on fait aujourd'hui autour des chefs, on aurait tendance à oublier qu'un bel orchestre, avant d'être le résultat du talent d'un individu ou de quelques personnalités isolées, est avant tout un travail d'équipe.
La Cité Internationale de l'Université de Paris (CIUP) est un endroit à peu près unique au monde: ressemblant par certains aspects à un campus universitaire à l'américaine, il s'en distingue sur un point essentiel: ici, un très grand nombre de nationalités sont représentées, chacune par sa maison: celle de l'Allemagne, celle du Brésil, du Canada, du Japon, du Maroc, etc. -- et bien sûr celle de la Suisse, monument historique signé Le Corbusier (1933): au total, une quarantaine de résidences reçoivent près de 6'000 étudiants de 140 nationalités différentes, puis les «brassent» (c'est-à-dire se les échangent). Cette politique de mélange ne doit rien au hasard: la CIUP est en fait le produit d'une époque bien précise, celle qui suit la première Guerre mondiale et ses destructions sans précédent; dans l'esprit de la Société des Nations, des philanthropes et des mécènes souhaitent doter l'Université de Paris d'un campus qui puisse servir aux jeunes étudiants de tous les pays à mieux se connaître, pour ainsi mieux éviter de se haïr. A la même période, les anciennes fortifications de Paris, créées par Thiers vers 1840, mais qui n'avaient jamais véritablement servi, sont démantelées, créant un espace urbain considérable, sur lequel prennent place parcs, cimetières, équipements sportifs -- et plus tard l'autoroute de ceinture, le fameux «périphérique». La Cité Universitaire va elle aussi s'installer dans ce secteur, plus précisément dans sa partie sud (XIVe arrondissement), face au Parc Montsouris, entre la porte de Gentilly et la porte d'Orléans; elle y occupe actuellement une surface de pas moins de 34 hectares -- pour l'essentiel un espace vert. En s'y promenant, on prendra le temps d'observer les innombrables sportifs du dimanche qui s'y dépensent, les essaims bourdonnants d'étudiants en route vers leur métro, mais aussi les sons qui, parfois, surgiront d'une fenêtre entrouverte; si, selon un modèle très fédéral finalement, ce sont les maisons individuelles qui, par leurs activités, font une grande part de la richesse culturelle de la Cité -- le public extérieur y est d'ailleurs bienvenu -- la maison centrale a en charge un certain nombre de structures de plus grande envergure: un restaurant bien sûr, une bibliothèque, un théâtre; et enfin -- nous revenons à notre sujet -- un choeur et un orchestre...
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