No. 68/1    mars 2015

 

'Rusalka' à Vevey

Par le théâtre Bienne-Soleure

par Claudio Poloni

 

Si prestigieuses soient-elles, les grandes maisons d'opéra romandes (Genève et Lausanne) ne sont pas seules au monde: avec des moyens plus modestes, Bienne et Fribourg disposent de leurs propres structures de production; le Valais et Neuchâtel pour leur part proposent des initiatives originales que nous avons déjà eu l'occasion de présenter à nos lecteurs. Pour optimiser leurs ressources, plusieurs de ces différents acteurs s'efforcent de développer des synergies, comme on le voit par exemple dans la reprise de projets biennois sur la rivera vaudoise. (réd.)

 

Le ‘Théâtre Orchestre Bienne-Soleure' (TOBS) vient de présenter à Vevey une version de chambre de Rusalka, le chef-d'oeuvre lyrique de Dvorák. L'institution a eu l'excellente idée de demander au compositeur tchèque Marian Lejava de réorchestrer la partition originale pour pouvoir l'interpréter dans la fosse des petits théâtres dans lesquels elle a l'habitude de proposer ses productions. Le spectacle a été illuminé par l'ondine ardente et passionnée de Brigitte Hool, qui a signé ici l'une de ses plus belles interprétations, avec une «Ode à la lune» -- l'air le plus célèbre de l'opéra -- tout à la fois bouleversante et incandescente. La cantatrice neuchâteloise, que les spectateurs de l'Opéra de Lausanne connaissent bien, a déployé des graves riches et capiteux aussi bien que des aigus lumineux, démontrant sa belle santé vocale. L'histoire de la sirène amoureuse d'un prince a été racontée de manière simple et efficace, mais néanmoins poétique, par le metteur en scène Daniel Pfluger, qui a cherché à mettre en relief la confrontation entre deux univers: d'une part, celui de Rusalka et des habitants des eaux, dans des couleurs à dominante bleue; et d'autre part celui des humains et de leurs préjugés, caractérisé par le gris et le noir.

 

Le Théâtre Orchestre Bienne-Soleure

Le TOBS est né à l'aube de la saison 2013-2014, de la fusion du Théâtre de Bienne-Soleure avec l'Orchestre Symphonique de Bienne. L'institution est ce qu'on appelle couramment en allemand un «Dreispartentheater», soit un théâtre présentant trois types de spectacles: du théâtre parlé, du théâtre lyrique et des concerts symphoniques -- comme cela est très courant dans tout l'espace germanophone. Saison après saison, le TOBS monte cinq productions lyriques, pour quelque 120 représentations, non seulement à Bienne et à Soleure, mais également (entre autres) à Langenthal, à Burgdorf, à Thoune, à Vernier et, comme on vient de le voir, à Vevey. Les metteurs en scène disposent des plans de chaque plateau et doivent donc faire preuve d'imagination et de créativité pour concevoir des spectacles pouvant être joués partout. Le TOBS est dirigé par le Suisse Dieter Kaegi, connu des mélomanes romands pour ses productions de Roméo et Juliette et de L'Enlèvement au Sérail au Grand Théâtre de Genève (1996 et 2000). Pour ce qui est de la ligne artistique du TOBS en matière d'opéra, les maîtres-mots de Dieter Kaegi sont diversité et qualité. Diversité, parce qu'il estime que son théâtre «ne doit pas se spécialiser dans un répertoire ou une époque précises, mais a l'obligation de satisfaire tous les goûts d'un public qui, dans des villes comme Bienne ou Soleure, n'a pas d'autres possibilités de voir des spectacles lyriques»...

 

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RMSR mars 2015

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