No. 68/3    septembre 2015

 

Festival de Lucerne

Les 90 ans de Pierre Boulez

par Myriam Tétaz-Gramegna

 

Le succès de la journée Boulez, organisée par le Festival de Lucerne à l'occasion des 90 ans du maître, a dépassé toute attente: le public y est venu nombreux et s'est montré enthousiaste, courant d'une salle à l'autre du ‘Kultur- und Kongresszentrum' (KKL). Ne manquait en somme que... Boulez, pour des raisons de santé! Mais un clin d'oeil amusé (le thème du Festival de Lucerne, cette année, est l'humour) le rendait très présent: tout le personnel du festival arborait en effet un tee-shirt blanc portant le nom et le portrait du compositeur!

 

Pierre Boulez a marqué son siècle: honni ou adulé, il a très vite représenté, aux avant-postes de la musique européenne, la personnalité par rapport à laquelle il s'agissait de se positionner. Le maître a fêté ses 90 ans en mars de cette année, et le Festival de Lucerne lui consacrait une journée le 23 août. Les musiciens des deux orchestres qu'il a fondés, l'Ensemble Intercontemporain que dirigeait Matthias Pintscher et l'orchestre de la Festival Academy de Lucerne, ont interprété sept de ses oeuvres, ainsi que des pièces de compositeurs contemporains créées en son hommage et signées: Matthias Pintscher, Christian Mason, Tod Machover, Heinz Holliger, Wolfgang Rihm, Samy Moussa, György Kurtág, Piotr Peszat. Des Notations pour piano de 1945 à Dérives 2, dont la dernière version date de 2006, l'auditeur a pu suivre quelques étapes de ce que Boulez définit lui-même comme «une aventure en quête du présent et à l'affût du futur», «dans une perpétuelle recherche des possibilités d'aujourd'hui»; dans une perpétuelle reprise aussi de ses propres oeuvres, aux versions sans cesse retravaillées, jamais définitives, élaguées ou enrichies de nouvelles parties qui s'insèrent dans la structure première: des oeuvres en devenir. Boulez lui-même n'emploie-t-il pas les termes de «dérivation» et de «prolifération», et l'image de la graine de sénevé?

 

Graines et proliférations

Une semaine déjà avant la Journée Boulez, Daniel Barenboim, à la tête des musiciens du West-Eastern Divan Orchestra, dirigeait Dérive 2, inséré entre le Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy et la Quatrième symphonie de Tchaikovsky. Dédiée à Elliott Carter, cette oeuvre illustre bien la façon de travailler de Boulez: Dérive 2 est en effet issue de Dérive 1, qui est elle-même basée sur six accords de six notes, et dure six minutes; retravaillée, elle est devenue une sorte de concerto pour onze instruments, vif-lent-vif... de 50 minutes, d'une prodigieuse imagination, jouant sur les couleurs, les rythmes qui se superposent, se décalent ou alternent. De la première partie, d'une joyeuse vivacité, mais d'une densité complexe (qui apparaît cependant transparente dans l'interprétation de Boulez, un peu moins dans celle de Barenboim), on passe à une lente poésie où se succèdent mélodies et contrepoint, entre son et silence, avant de déboucher sur un finale virtuose, véritable feu d'artifice qui lance des fusées de notes, puis s'arrête brusquement...

 

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Revue Musicale de Suisse Romande septembre 2015

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(page mise à jour le 9 octobre 2015)