La crise des arts graphiques
et l'avenir de la presse
par Vincent Arlettaz
La faillite récente de notre imprimeur, SRO-Kundig à Versoix, près de Genève, marque un moment non indifférent de la vie de notre périodique. Si notre propre existence n'est en aucun cas menacée par la disparition de ce prestataire très apprécié, l'instant paraît propice à une réflexion plus générale sur le devenir des périodiques imprimés, dans le contexte d'une dématérialisation croissante de l'information.
Rétrospectivement, nous comprenons que notre numéro de septembre 2015 «a eu très chaud»: notre imprimeur nous l'a en effet expédié un mercredi après-midi vers 15 heures, avant d'annoncer sa faillite le lendemain, jeudi, vers midi! Tous les travaux en cours furent alors interrompus et les employés renvoyés chez eux; à quelques heures près, il nous aurait donc fallu recommencer tout le travail avec un nouveau prestataire, ce qui aurait probablement nécessité deux à trois semaines de plus... Passé cet instant de frayeur, nous avons évidemment une pensée pour la trentaine de salariés qui, dans l'aventure, ont perdu leur emploi. Une telle issue est d'autant plus navrante qu'elle frappe une tradition presque bicentenaire: SRO-Kundig était en effet le successeur de la maison Kundig, fondée par Albert Kundig à Genève en 1832, et fusionnée en 1985 avec SRO (Service Rapide Offset). Cette association avait fait basculer l'entreprise du monde de la typographie et des linotypes en noir et blanc, à celui des ordinateurs et de la quadrichromie. Dès 2007, la Revue Musicale de Suisse Romande eut recours à ses services pour la réalisation de pas moins de 21 numéros, sur les 35 parus depuis lors; on peut donc affirmer qu'il s'agissait de notre plus important fournisseur dans ce domaine. Par ailleurs, la collaboration avec cette maison, dépositaire d'un prestigieux savoir-faire, nous avait permis de faire effectuer à notre publication un saut qualitatif important, très souvent relevé par nos lecteurs.
L'impact immédiat de cette disparition sur notre propre organisation sera probablement minime, car depuis des années, notre structure avait été rendue indépendante du prestataire auquel nous choisissions de confier l'impression de notre revue. Malgré cela, c'est avec une indéniable mélancolie que nous nous apprêtons à tourner aujourd'hui une page qui, depuis 2007, avait fait nos délices...
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