Leos Janácek (1854-1928)
Par Vincent Giroud
Bernard Banoun, Lenka Stránská, Jean-Jacques Velly (édd.): Leoš Janá?ek: création et culture européenne, Paris, L'Harmattan, 2011, collection «Univers musical».
La postérité de Leoš Janácek (1854-1928) est l'un des phénomènes les plus étonnants -- et, pourquoi ne pas le dire, des plus enthousiasmants -- de la musique du vingtième siècle. Pratiquement inconnu avant les années cinquante en dehors de son pays natal, sauf en Allemagne, il est aujourd'hui, avec Strauss et Britten, l'un des trois compositeurs d'opéras du siècle dernier dont le plus grand nombre d'oeuvres ont trouvé place au grand répertoire international; sans parler, bien entendu, de l'importance reconnue de nombre de ses chefs-d'oeuvre de musique de chambre, de musique pour piano, de musique symphonique, et de musique chorale et religieuse. Toutefois, en dehors de la République Tchèque, où il est tenu à juste titre pour l'égal de Smetana et de Dvorák, la littérature consacrée à Janácek n'est pas pléthorique, notamment en français. Le présent volume, fruit d'un grand colloque réuni à la Sorbonne en avril 2008 sous le haut patronage de l'ambassade de la République Tchèque en France, comble en partie cette lacune, partiellement en tout cas, puisqu'il s'agit d'un volume trilingue allemand-anglais-français, ce dont on ne peut que se réjouir, tout en notant que son audience s'en trouvera immanquablement réduite. Après un avant-propos de l'ambassadeur Pavel Fischer, qui souligne que c'était là le premier colloque Janácek à l'échelle mondiale et fait état notamment de l'intérêt porté au compositeur morave par le regretté Pierre Boulez, les éditeurs du volume présentent Janácek comme un compositeur placé sous le signe de l'irréductibilité. En effet, atteignant l'apogée de sa carrière alors que les «--ismes» de toutes sortes envahissaient les arts, y compris la musique, Janácek est le type même du génie individuel et inclassable, qui ne fut jamais inféodé à quelque école que ce soit...
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