Editorial
La musique au féminin
C'est un plaisir particulier pour notre revue que de pouvoir proposer à ses lecteurs un dossier sur une femme compositrice: si Caroline Boissier-Butini (1786-1836) est célèbre depuis longtemps parmi les historiens de la musique, c'est avant tout pour le témoignage unique qu'elle nous a laissé sur l'enseignement de Franz Liszt, auquel elle a assisté au début des années 1830, et sur lequel elle a rédigé des notes détaillées, publiées bien après sa disparition. Sa carrière d'interprète et de compositrice, en revanche, était passée largement inaperçue. Depuis une dizaine d'années, le travail d'une musicologue suisse, Irène Minder-Jeanneret, a permis de mettre en lumière l'ensemble de cette attachante personnalité. Ces recherches débouchent aujourd'hui sur la publication d'une monographie, parue aux éditions Slatkine à Genève. Et nous découvrons, surpris et charmés, non seulement l'activité d'une artiste injustement oubliée, mais aussi tout un pan de notre vie musicale, dans une phase cruciale de son développement.
L'évolution récente -- on ne le relève sans doute pas assez -- a permis une importante ouverture de la profession musicale aux femmes: très présentes (et même probablement majoritaires désormais) dans nos conservatoires professionnels, elles ont été admises en grand nombre également dans la plupart des orchestres symphoniques -- les quelques bastions traditionnalistes qui subsistent ressemblant plutôt à l'arbre qui cache la forêt. On ne peut que s'en réjouir.
Vincent Arlettaz
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