Dans la mêlée
Estelle Revaz
Par Claudio Poloni
Née en Valais et établie actuellement à Genève, la violoncelliste Estelle Revaz s'est révélée à un large public lors de la Pandémie, portant la voix des artistes au coeur du débat politique; elle a publié cet été un premier livre aux éditions Slatkine.
Au téléphone, on la sent débordante d'énergie et de combativité. La violoncelliste Estelle Revaz est prête à s'engager dans une nouvelle bataille -- à 200%, comme elle a l'habitude de le faire: cette fois, elle va tenter de décrocher un siège au Conseil National, sur la liste du parti socialiste genevois, lors des élections fédérales du 23 octobre. Ayant obtenu le deuxième meilleur score de sa formation politique au stade du choix de ses candidats, elle espère pouvoir défendre les artistes sous la coupole: «C'est à Berne que cela se décide, c'est là où il faut aller.» Certains ont bien tenté de l'en dissuader, mais ce fut peine perdue: «Beaucoup m'ont dit que si je m'engageais politiquement, je mettrais en danger ma carrière. Mais je pense pouvoir concilier les deux. Le Conseil National siège quatre fois par année, du lundi midi au jeudi. J'aurai donc du temps pour mes concerts hors sessions, et le week-end pendant les sessions.» Au moment de l'entretien téléphonique, la campagne bat déjà son plein et, parallèlement, les concerts s'enchaînent pour Estelle Revaz. Comment fait-elle pour mener de front les deux activités? «Je ne dors pas beaucoup, je suis portée par une belle énergie. Je sais que je ne veux rien céder du violoncelle, il va rester au centre de ma vie, j'en ai besoin pour mon équilibre.»
De la précarité des artistes
Le virus de la politique, Estelle Revaz l'a contracté pendant la Pandémie: «L'Etat a considéré que la culture n'était pas essentielle. On nous a interdit de travailler, sans pour autant nous indemniser. J'ai trouvé cela particulièrement injuste.» Après une période d'abattement, elle retrousse ses manches et s'engage politiquement: avec un petit groupe d'amis, elle crée un collectif; elle contacte ensuite les parlementaires fédéraux un à un, dans le but de les sensibiliser à la précarité de la situation des artistes en Suisse...
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