Genève
L'ensemble Polhymnia
Par Laurent Mettraux
Originaire des Alpes-Maritimes, Franck Marcon est titulaire des orgues de la collégiale de Tende et directeur du festival franco-italien La Route Royale des Orgues. Il a étudié la direction chorale auprès de Michel Corboz et le clavecin dans la classe d'Alfonso Fedi, dans le cadre de la Haute Ecole de Musique de Genève, où il enseigne actuellement. © dr
Créé en 1994, l'ensemble vocal féminin Polhymnia de Genève comporte une quinzaine de voix, et se consacre autant à la création contemporaine qu'à la redécouverte de la musique ancienne. Il a fêté l'an passé son trentième anniversaire.
La soprano et professeure de chant Rachel Székely, décédée en 2019, devinait-elle la pérennité et le succès qu'allait rencontrer l'ensemble vocal formé uniquement de voix féminines qu'elle fonda en 1994? Dirigées de main de maître depuis 2002 par Franck Marcon, la quinzaine de chanteuses qui le constituent se sont résolument tournées vers un large répertoire dans lequel les créations tiennent une place importante. Qu'il s'agisse de ressusciter une partition baroque, telle celle du Vespro alla Vergine Maria d'Isabella Leonarda, nonne de Novare, de faire sonner sous les voûtes de l'église Saint-Germain en vieille ville de Genève, leur lieu de concerts privilégié, des hymnes du Rig Veda mises en musique par Gustav Holst ou le Lys de Madrigaux de Maurice Ohana, chaque programme devient l'occasion d'une démarche historique et musicologique appropriée, afin de s'approcher le plus possible de l'essence des morceaux interprétés, grâce à la compréhension de leur langage et de leur style.
Dans une logique similaire, les choristes saisissent mieux les oeuvres spécialement écrites à leur intention en travaillant étroitement avec les compositeurs. Une grande complicité lie ainsi Polhymnia et les Genevois Nicolas Bolens, Xavier Dayer et Jacques Demierre, de même que, de son vivant, Eric Gaudibert. Parmi les autres premières mondiales, on peut citer celles de Jean-Sélim Abdelmoula, Léo Collin, Arturo Corrales, Felicia Donceanu, Aki Nakamura, Christophe Sturzenegger et Julien-François Zbinden: autant d'esthétiques et d'horizons différents, sans compter un véritable mélange générationnel, Jean-Sélim Abdelmoula ayant conçu son Psaume 88 à tout juste vingt ans, et Julien-François Zbinden achevé Eternité à 87 ans. Dans sa présentation, l'ensemble témoigne d'un bel exemple d'ouverture, en précisant que «les XXe et XXIe siècles étant des siècles de déconstruction, de re-création, d'avant-garde, mais aussi de conservatisme, le travail du choeur respecte cette [multiplicité] d'expressions et de styles...»
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