No. 61/1    mars 2008

Les musiques de la Cour de Savoie

 

8. Epilogue

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                 Valère

 

Nous voici parvenus au terme de notre périple. Sans conteste, le XVe siècle aura été pour le duché de Savoie l'époque de la plus grande splendeur musicale. Mais est-ce à dire qu'il y ait eu alors une musique savoyarde? En ces temps éloignés, au contraire d'autres périodes plus récentes, l'art savant est avant tout le produit d'une civilisation de cour et d'église qui, par sa nature même, est internationale, ou plus précisément cosmopolite, le concept même de nation étant alors à peine en émergence. Que ce soit à Paris, Rome, Lisbonne ou Prague, les artistes, en déplacements incessants, se référent largement à des modèles communs, que les traditions locales réinterprètent certes, mais sans aller jusqu'à favoriser la voie de l'isolement.

Si l'on ne peut écarter sans autre forme de procès l'hypothèse d'un Kottick, qui voit dans les unica anonymes du chansonnier cordiforme une manifestation artistique locale spécifique, force est de constater que l'apport essentiel du mécénat savoyard se trouve ailleurs: période de profondes mutations pour le langage musical occidental, le début du XVe siècle voit en effet l'avènement d'un style nouveau, essentiellement différent de celui des générations précédentes. Tinctoris, fameux théoricien flamand ayant vécu en Italie, rappelle cette nouveauté dans ses traités théoriques, rédigés quelques décennies plus tard (vers 1472-1477):

«Et s'il est permis de rapporter ce que j'ai vu et entendu, j'ai eu parfois entre les mains quelques vieilles pièces d'auteurs inconnus, et qu'on dit apocryphes, composées d'une manière si maladroite et si insipide qu'elles offensaient l'oreille bien plus qu'elles ne la charmaient.
«Et -- chose dont je ne puis assez m'étonner -- aucune composition que les spécialistes jugent digne d'être écoutée ne remonte à plus de quarante ans. Mais à notre époque, sans parler des innombrables improvisateurs déclamant de la plus belle manière, par l'effet de quelque influence céleste, ou à force d'une recherche inlassable, je ne sais, les compositeurs fleurissent en nombre infini, tels que: Johannes Okeghem, Johannes Regis, Antoine Busnois, Firmin Caron, Guillaume Faugues, qui peuvent se vanter d'avoir eu pour maîtres dans cet art divin: Johannes Dunstable, Gilles Binchois, Guillaume Dufay, qui ont quitté la vie en des temps très récents. Presque toutes les oeuvres de tous ces compositeurs exhalent une telle douceur que, à mon avis, il faut les juger très dignes non seulement des hommes et des héros, mais aussi des dieux immortels.»

«De cette manière, à notre époque, les ressources de notre musique ont connu un accroissement si remarquable qu'elle semble être un art nouveau; et cet art nouveau, si je puis dire, on considère qu'il a eu sa source et son origine chez les Anglais, dont Dunstable fut le chef; il eut pour contemporains en France Dufay et Binchois, à qui succédèrent directement les modernes: Okeghem, Busnois, Regis et Caron, les plus éminents de tous ceux que j'ai entendus dans le domaine de la composition.»

Par ailleurs, dès le début des années 1440, Martin le Franc, poète de la cour d'Amédée VIII, s'était déjà fait l'écho de la même idée, dont il aura sans doute pris connaissance par Dufay lui-même, qu'il côtoya à la cour de Savoie...

 

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(page mise à jour le 30 juillet 2008)