Rencontre avec
Hervé Klopfenstein
Hervé Klopfenstein figure au nombre des principaux artisans des Misérables à Lausanne. Né à Paris en 1957 dans une famille de musiciens, il entame des études musicales à Nice et à Lyon, avant de les poursuivre à Lausanne. Flûtiste professionnel, il met sur pied l'orchestre du Conservatoire de Lausanne, qu'il dirige toujours. Depuis 1982, il est également chef titulaire de l'Orchestre Symphonique et Universitaire de Lausanne (OSUL). Un des rares chefs en Suisse à diriger le grand répertoire aussi bien avec des amateurs que des professionnels, il prendra le 1er février 2010 la direction du Conservatoire de Lausanne, succédant à Pierre Wavre.
RMSR. Hervé Klopfenstein, comment vous êtes-vous retrouvé dans la fosse de Beaulieu pour diriger Les Misérables?
Hervé Klopfenstein. Au départ, Les Misérables n'étaient pas du tout une aventure estampillée «Conservatoire de Lausanne». J'ai d'abord été contacté comme chef indépendant pour monter un orchestre, puis j'ai eu l'idée de mettre le projet entre les mains de la HEM (Haute Ecole de Musique). L'immersion professionnelle me paraissait en effet enrichissante pour nos jeunes musiciens, dont beaucoup avaient participé avec énormément de plaisir, l'année dernière, au Songe d'une Nuit d'Eté de Britten. J'ai pensé qu'il serait intéressant pour eux de côtoyer d'autres arts de la scène, d'autres façons d'aborder un spectacle, avec ce côté plus frais et moins académique que ce qu'ils ont l'habitude de fréquenter tout au long de leur cursus.
Avez-vous dû affronter les préjugés des musiciens classiques, face à un langage musical qui ne passe pas pour être des plus élaborés?
Le langage musical n'est pas la force première du genre, c'est vrai, mais j'assume entièrement ce côté qu'on pourrait assimiler à la variété. Ma mission est de faire en sorte que les jeunes musiciens qui sortent du Conservatoire puissent vivre de la musique, de quelque façon que ce soit, et, si possible, soient heureux en la faisant, avec des expériences multiples dans le cadre de leur formation, qui leur permettent ensuite de faire des choix en toute autonomie de pensée. Les Misérables ne sont pas du Britten, nous sommes loin du langage sophistiqué et raffiné du compositeur anglais; cependant, je considère qu'on ne doit pas s'arrêter à un jugement de valeur pour décider de faire ceci ou cela. Le spectacle a constitué un magnifique contrepoids aux choses très pointues qui se font au Conservatoire. Je ne veux pas abaisser le niveau de la HEM en participant à des comédies musicales, je veux juxtaposer ces dernières à d'autres activités. L'un n'empêche pas l'autre. L'idéal serait d'avoir une saison avec, par exemple, Don Giovanni, une comédie musicale et un opéra contemporain...
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