Igor Markevitch
L'exposition du centenaire
au Château de Chillon, du 25 août au 28 octobre 2012
A l'occasion du centenaire de la naissance d'Igor Markevitch, le Septembre Musical organise, en collaboration avec le Château de Chillon, une exposition en souvenir de cet immense artiste. A travers manuscrits, lettres, partitions, publications, programmes, portraits, photographies, pochettes de disques, archives sonores et audio-visuelles, l'exposition invite à découvrir un personnage aux facettes multiples: doté d'une curiosité toujours en éveil, Markevitch s'est sans cesse renouvelé; multipliant les expériences, il n'a cessé de voyager, d'Europe jusqu'en Amérique latine, aux Etats-Unis et au Japon; son activité discographique fut considérable. Markevitch est aussi un érudit, féru de littérature et de science politique. Sa bibliothèque faisait voisiner les études philosophiques, voire théologiques, avec l'histoire et la poésie. A la lecture de sa correspondance, on pourrait écrire sans effort une histoire des arts et de la musique au XXe siècle. Il côtoie les plus grands artistes de son temps: Cocteau, Magaloff, Picasso, Stravinsky, Auberjonois, Lipatti, Haskil....
Pour Markevitch, la musique et les arts en général sont toujours une histoire des conditions de la vie humaine. «Il faut comprendre, dit-il, que la musique puisse être le lieu où l'énergie qui anime la matière rencontre la conscience de l'homme.» Une réflexion qui va tout à fait dans le sens de Schopenhauer qu'il cite dans son édition encyclopédique des symphonies de Beethoven: «Alors que les autres arts nous donnent l'apparence des choses, la musique nous restitue leur être.» A cette distinction, Markevitch ajoute la remarque suivante: «Avec la musique, le moment de son déroulement s'introduit dans la vie de celui qui écoute et devient sa vie même pendant la durée de l'oeuvre en question.»
L'exposition propose quelques repères chronologiques et nous fait découvrir la carrière du jeune compositeur. Markevitch compose entre 1928 et 1945 avant de se consacrer exclusivement à la direction d'orchestre et à l'enseignement de cet art, pour lequel il propose des bases rationnelles et développe une technique qui sera souvent imitée, mais jamais égalée. Le parcours emmène également le visiteur sur la Riviera vaudoise, à laquelle Markevitch est demeuré très attaché depuis son enfance à La Tour-de-Peilz. La liste complète des concerts qu'il dirige au Septembre Musical entre 1954 et 1971 est documentée dans l'exposition qui évoque, en outre, la longue collaboration que le chef d'orchestre entretint avec l'Orchestre de la Suisse Romande.
Markevitch reste un acteur et un témoin des plus grands mouvements artistiques et musicaux entre les années vingt et les années septante. Sa carrière baigne dans une culture cosmopolite: celle du compositeur, dans l'assimilation extraordinaire de musiques aux racines opposées, celle du chef d'orchestre dans le respect du texte, à l'abri de tout sentimentalisme. C'est cet emboîtement d'une double activité, avec ce qu'elle peut comporter de tensions ou de contradictions, que cette exposition entend illustrer (www.chillon.ch/fr/Expositions/expo-markevitch).
Jean-François Monnard
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