No. 67/4    décembre 2014

 

Septembre Musical Montreux-Vevey

L'Orchestre des Jeunes de Bahia

Par Myriam Tétaz-Gramegna

 

Depuis plusieurs années, le Septembre Musical Montreux-Vevey, que le regretté Karl Anton Rickenbacher avait sauvé en 2002 avant que Tobias Richter n'en reprenne la direction, tente de renaître de ses cendres; n'ayant pas encore retrouvé ses fastes ni surtout son public d'antan, il se cherche un profil spécifique, face à la pléthore de festivals qui s'affichent aujourd'hui un peu partout, en particulier dans des stations de villégiature qui souhaiteraient faire le plein été comme hiver -- pour ne pas parler du plus prestigieux, le Festival de Lucerne, avec lequel il sera toujours difficile de rivaliser.

 

Des moments d'exception

Cette année, le Septembre Musical s'est distingué en invitant un remarquable orchestre de jeunes brésilien, le «YOBA» (Youth Orchestra of Bahia), et en programment quelques oeuvres aptes à attirer le mélomane averti -- par exemple la Quinzième symphonie de Chostakovitch ou, en collaboration avec la Festival Academy de Verbier, un récital de piano affichant Cage, Bach, Carter, Rachmaninov, Wolfe, Moussorgski. Ce dernier était interprété par un pianiste surdoué, Conrad Tao; seul regret: dans toutes ces oeuvres, techniquement superbement maîtrisées, c'est Conrad Tao que l'on avait l'impression d'entendre, bien plus que les compositeurs dans leur identité -- même s'il est certain que l'on peut trouver des analogies parfois étonnantes entre eux.

Moment d'exception en revanche que la symphonie de Chostakovitch donnée par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres, dirigé par Charles Dutoit. L'oeuvre d'abord: «J'ai envie de composer une symphonie joyeuse, orchestrale uniquement», aurait dit Chostakovitch. Joyeuse peut-être dans le premier mouvement, d'une apparente naïveté; énigmatique cependant dans ses quatre mouvements, alternant des épisodes contrastés, primesautiers ou funèbres, ironiques ou dramatiques. Ecrite certes pour un grand orchestre, l'oeuvre n'utilise que rarement le tutti; d'une exceptionnelle économie de moyens, elle possède la transparence de la musique de chambre, avec de nombreux soli à tous les pupitres, une partie de percussion novatrice pour son époque, des vents très présents, de nombreuses citations (les plus reconnaissables étant de Rossini et Wagner, mais aussi de Glinka, Mahler ou Chostakovitch lui-même); juxtaposant tonalité et dodécaphonisme, elle est à plusieurs égards ambiguë et n'a pas trouvé le même écho que plusieurs autres symphonies du compositeur. A Montreux, l'interprétation de l'orchestre et du chef donnait sens et cohérence à cette partition qui n'est pas immédiatement évidente, sans en estomper le côté pluriel et quelque peu sibyllin. Limpide, enjouée, avec la touche d'humour qui convient dans l'Allegretto, elle devenait intense et pathétique dans l'Adagio, incisive et précise dans le bref Scherzo, passionnée et violente dans le strident point culminant du finale, pour s'éteindre, nostalgique, dans une sorte d'adieu dépouillé, aux rythmes d'une percussion épurée jusqu'au silence -- un silence que prolongea la salle avant d'applaudir...

 

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Revue Musicale de Suisse Romande 67/4 décembre 2014

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(page mise à jour le 23 décembre 2014)