No. 68/2    juin 2015

 

Le roi Arthus de Chausson

A l'Opéra-Bastille

Par Vincent Giroud

 

Wagnérien, trop wagnérien peut-être? C'est la question qui poursuit l'unique opéra d'Ernest Chausson pratiquement depuis le jour où celui-ci en a entamé la composition en 1886. Encore faut-il ajouter qu'il n'y a guère de compositeur d'opéra français des premières décennies de la Troisième République qui n'ait eu à se battre contre ce reproche. Ce qui rend le cas de Chausson fascinant et triste à la fois, c'est qu'il paraît s'être délibérément mesuré avec le magicien de Bayreuth, a triomphé de l'épreuve, mais n'en a pas moins échoué à s'imposer sur la scène lyrique. Certes, la mort brutale du musicien en 1899, à 44 ans, des suites d'un accident de vélo, a rendu Arthus orphelin avant que son père ait pu trouver un théâtre pour le créer. Parrainé par Vincent d'Indy, l'ouvrage était enfin monté à Bruxelles, comme plus d'un autre opéra français marquant de la période, en 1903. Le succès de cette première aurait dû normalement entraîner une création parisienne. Or, à part une exécution du troisième acte au Palais Garnier en 1916, sous la direction du fidèle d'Indy, rien. Pourquoi Jacques Rouché, réputé défenseur de la musique française, n'a-t-il pas donné Arthus dans les années vingt ou trente, alors qu'il pouvait aisément réunir une distribution idéale -- Endrèze ou Martial Singher dans le rôle-titre, Lubin ou Balguerie en Genièvre, Thill ou Franz en Lancelot? Mystère. En 1981 seulement on entendait l'oeuvre intégralement, en concert, à Radio France. L'enregistrement de 1985 publié chez Erato, sous la direction d'Armin Jordan, n'a pas non plus suscité l'intérêt des théâtres lyriques parisiens. C'est trente ans plus tard que justice vient enfin d'être rendue à l'opéra de Chausson par la ville natale de ce dernier. Il faut en remercier Nicolas Joël, qui en programmant l'oeuvre avant sa démission l'an dernier, a probablement fait là au public le plus beau cadeau de toute sa direction; ainsi, bien sûr, que Philippe Jordan, à qui revient avant tout le mérite de la réussite artistique de cette importante création...

 

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Revue Musicale de Suisse Romande juin 2015

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