La musique romantique et la Suisse
Par Vincent Arlettaz
Compte rendu de: Mathieu Schneider: L'utopie suisse dans la musique romantique, Paris, Hermann, 2016, 387 p.
Maître de conférences à l'Université de Strasbourg, Mathieu Schneider vient de publier, aux éditions Hermann à Paris, un ouvrage de près de 400 pages consacré au rôle joué par la Suisse dans l'imaginaire des musiciens romantiques. Nombreux, on le sait, sont les compositeurs qui, pour un temps plus ou moins long, et pour des raisons fort diverses -- tournées, vacances, exil politique -- trouvèrent accueil dans notre pays. Hélas, il faut bien le reconnaître, rares sont les oeuvres musicales à témoigner d'une réelle interaction: Mendelssohn était encore bien jeune, Wagner ne s'intéressa pas aux traditions locales, et Brahms semble avoir évité sciemment des associations trop anecdotiques -- mis à part la mélodie de cor des Alpes qu'il utilisa dans sa Première symphonie, pour introduire le sublime choral final. De sorte que le seul cas véritablement abouti est représenté par l'Album d'un voyageur de Franz Liszt (plus tard devenu Première année de pèlerinage); ce recueil, aux titres évocateurs (Le lac de Wallenstadt, La chapelle de Guillaume Tell, Les cloches de Genève...), représente sans doute le point culminant de la rencontre entre notre pays et la musique romantique. Une autre oeuvre majeure ne saurait être passée sous silence: l'opéra Guillaume Tell (1829) de Gioacchino Rossini -- qui ne séjourna toutefois point chez nous, et offrit surtout par cet ouvrage une réflexion sur le célèbre drame de Schiller.
Mathieu Schneider recense pourtant plus de 200 titres d'oeuvres musicales en rapport avec la Suisse, pour une période comprise entre 1750 et 1914. Ce chiffre est toutefois relativement trompeur: d'une part, la majorité de ces ouvrages émane de compositeurs mineurs, voire pratiquement inconnus (notamment les opéras de Joseph Weigl, très à la mode à Vienne vers 1810; ou ceux de Henry Bishop en Angleterre, un peu plus tard)...
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